Les déclarations controversées de la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, qui a qualifié la crise des isotopes de «sexy» et critiqué sa collègue de la Santé dans une conversation enregistrée par mégarde ne semblent pas avoir ébranlé la confiance de son patron Stephen Harper en elle.

Loin de la congédier, le premier ministre a en effet pris sa défense en Chambre. Il est même allé jusqu'à reprocher à l'opposition de faire de la «petite politique» et de tirer profit de la publication des commentaires controversés de Mme Raitt pour dénigrer son boulot des dernières semaines.

«La crise des isotopes est très sérieuse, c'est la raison pour laquelle ce gouvernement travaille depuis longtemps pour aider la situation avec l'approvisionnement des isotopes dans le monde. C'est un approvisionnement très sensible. La ministre des Ressources naturelles travaille très fort pour assurer un approvisionnement adéquat à l'avenir. Elle travaille très dur et le public connaît très bien son bilan à cet égard», a-t-il déclaré, à la période des questions.

Mme Raitt, dont le frère est mort d'un cancer à 36 ans, a dit éprouver de l'empathie pour les victimes et leurs familles. Cela n'a toutefois pas réussi à calmer l'opposition, qui réclame sa tête à grand cris.

Les chefs des trois partis jugent la situation «indécente», «immorale» et «choquante». «Qu'est-ce qui ne tourne pas rond avec ces gens?», s'est insurgé le leader du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, en parlant des conservateurs.

A son avis, la ministre a démontré qu'elle n'avait pas «une attitude acceptable» pour gérer la crise, qui prive les hôpitaux du monde entier des isotopes médicaux dont ils ont besoin pour effectuer des tests diagnostiques pour le cancer et les maladies cardiaques.

A l'extérieur des murs du Parlement, des malades se sont dits outrés des propos de Mme Raitt. Geraldine Owen, de Moncton au Nouveau-Brunswick, a ainsi déclaré qu'il était évident que la ministre plaçait «son propre pouvoir et son ego avant la compassion et l'humanité».

En matinée, les députés conservateurs avaient pris la défense de la ministre des Ressources naturelles, qui a fait son entrée en politique fédérale l'automne dernier.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a été avare de commentaires, mais il a néanmoins déclaré qu'à son avis Mme Raitt pourrait «bien sûr» rester en poste.

Le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, estime pour sa part que l'affaire est «regrettable» mais que les compétences de la ministre des Ressources naturelles ne sont pas en cause.

«Qui d'entre nous n'a jamais parlé en mal de son prochain? Ca nous arrive tous d'avoir certains propos, maintenant, pour moi ça n'enlève nullement les qualités professionnelles de la personne», a-t-il dit.

Lisa Raitt a fait ses commentaires incriminants le 30 janvier dernier, lors d'un voyage à Victoria. Ils ont été enregistrés par mégarde et à son insu par son attachée de presse Jasmine MacDonnell.

Cette dernière a ensuite égaré son enregistreuse qui s'est retrouvée entre les mains d'un journaliste du quotidien Halifax Chronicle-Herald.

Mme MacDonnell a été congédiée la semaine dernière parce qu'elle avait oublié des documents confidentiels dans la salle des nouvelles du réseau de télévision CTV, à Ottawa.

Lundi, elle a tenté de bloquer la publication d'un article sur l'enregistrement mais le tribunal a refusé de lui accorder l'injonction qu'elle souhaitait.

Le gouvernement s'est défendu d'avoir financé ces procédures judiciaires. L'opposition soupçonne qu'elle a néanmoins bénéficié du soutien du Parti conservateur.