Les députés québécois des différents partis aux Communes ne se sont pas gênés vendredi pour attaquer leurs rivaux libéraux sur les propos tenus la veille par leur chef, Michael Ignatieff, à l'égard du partage des compétences entre Ottawa et les provinces.

En entrevue à La Presse Canadienne, le leader libéral avait confié qu'il n'accorderait pas plus de pouvoirs au Québec s'il était élu à la tête d'un gouvernement libéral et qu'il jugeait équilibré le partage actuel des compétences entre le gouvernement fédéral et les provinces.

«Le gouvernement Charest a tous les pouvoirs dont il a besoin pour faire un excellent travail pour la population québécoise, alors je ne vois pas la nécessité d'ouvrir cette question de compétences et pouvoirs», avait souligné le chef libéral.

«Je suis ouvert à des propositions concrètes du côté de la province de Québec, mais pour le moment, je ne vois aucune raison de changer les règles du jeu. Ca fonctionne bien», avait-il ajouté.

Il n'en fallait pas plus pour que les bloquistes accusent les libéraux de révéler leur vraie nature. Le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, a prétendu que les Québécois connaissaient encore bien mal M. Ignatieff et a prévenu que son parti s'affairerait à révéler au grand jour ce qu'il juge comme ses positions contraires aux intérêts du Québec.

«La situation (constitutionnelle) actuelle lui convient tout à fait, ce qui n'est pas la lecture que font tous les Québécois, qu'ils soient fédéralistes ou souverainistes», a noté M. Paquette.

Ce dernier n'a pas digéré le rejet par les libéraux de son projet de loi proposant l'application de la loi 101 aux entreprises fédérales du Québec régies par le Code canadien du travail, tels que les banques, les aéroports ou la poste.

«Il est prétentieux de dire qu'il constate une réalité - l'existence de la nation québécoise - mais que ce constat n'a aucune conséquence en termes de mesures que le fédéral pourrait prendre pour renforcer cette nation-là, comme par exemple adopter un projet de loi qui permettrait au Québec, sur son territoire, d'appliquer la loi 101 aux entreprises de juridiction fédérale», a renchéri M. Paquette.

Le néo-démocrate Thomas Mulcair a de son côté prétendu que M. Ignatieff était déconnecté de la réalité québécoise.

«Il parle toujours des Québécois et du Québec comme s'ils étaient des tierces parties qui venaient d'un autre endroit sur la planète», a estimé le député d'Outremont.

Les conservateurs s'en mêlent



Même le conservateur Jacques Gourde s'en est mêlé, en accusant le leader libéral d'incarner «la pire tradition centralisatrice du Parti libéral».

Interrogé par la suite sur les pouvoirs que le gouvernement conservateur de Stephen Harper serait prêt à déléguer au Québec dans l'avenir, M. Gourde a cependant hésité, est resté flou, pour finalement ajouter que «peut-être» pourrait-il être un jour être question de limiter le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétences des provinces.

Limiter le pouvoir fédéral de dépenser constituait l'une des promesses électorales du chef conservateur, Stephen Harper, en 2006, mais qui est depuis restée complètement lettre morte.

A la sortie de la période de questions, la députée libérale de Brossard, Alexandra Mendes, a défendu son chef, rappelant que le Parti libéral du Canada était avant tout fédéraliste.

Elle a souligné qu'il y aura toujours de la place, à son avis, pour la négociation avec les provinces, mais que les compétences fédérales actuelles «ne sont pas exagérées».

«On n'a jamais dit qu'on allait donner plus de pouvoirs au Québec. Ce n'est pas la vision du Parti libéral. Pourquoi est-ce qu'on serait malhonnêtes et que l'on commencerait, simplement pour des jeux d'opportunisme électoral, à dire «on va donner plus de pouvoirs', et puis arrivés au pouvoir, on ne ferait rien», a fait valoir la députée.