Le premier ministre Stephen Harper juge «totalement irréaliste» la proposition des libéraux de Michael Ignatieff de ramener à 360 le nombre d'heures que doivent travailler les Canadiens pour avoir droit à des prestations de d'assurance emploi.

Depuis deux semaines, le Parti libéral réclame des changements au programme d'assurance emploi pour une durée limitée afin de donner un coup de pouce aux travailleurs qui viennent de perdre leur emploi.

 

Les libéraux proposent que toute personne ayant travaillé au moins 360 heures, soit l'équivalent de neuf semaines à temps complet, puisse toucher des prestations, et cela peu importe la région où elle vit. À l'heure actuelle, ce critère varie de 420 à 700 heures, selon la région économique.

Les libéraux ont exigé que ces changements soient adoptés avant la fin de juin à défaut de quoi ils n'écartent pas l'idée de renverser le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper.

Aux Communes, hier, Michael Ignatieff a soutenu que les faillites personnelles sont en hausse de 60% en mars, le taux de chômage a bondi de 83% en Alberta et de 68% en Colombie-Britannique depuis le début de la crise économique.

«Il y a plus de gens dans les provinces de l'Ouest que partout ailleurs au pays qui ont cotisé à l'assurance emploi mais qui ne peuvent obtenir de prestations. Nous avons proposé un seuil national d'admissibilité de 360 heures. Le premier ministre va-t-il donner suite à notre proposition avant la fin de la session parlementaire», a demandé M. Ignatieff.

Comme il l'avait fait la semaine dernière, M. Harper a opposé une fin de non-recevoir à cette demande en affirmant que le programme d'assurance emploi actuel est très «généreux», et que son gouvernement a augmenté de cinq semaines la durée des prestations.

Mais il est allé plus loin hier. «Nous savons tous ce qui motive le chef libéral en faisant une telle proposition. Cette proposition ferait en sorte qu'un Canadien pourrait travailler 45 jours et obtenir des prestations d'assurance emploi pendant un an. Ce serait le régime dans chaque région. Cela ne ferait rien pour l'économie ou la récession aujourd'hui. C'est simplement une proposition totalement irréaliste, irréfléchie qui augmenterait les impôts de manière importante et permanente pour les travailleurs et les petites entreprises», a dit M. Harper.

M. Ignatieff a rétorqué en invitant le premier ministre à expliquer sa décision devant les quelque 150 000 Canadiens qui auraient droit à des prestations en vertu des changements proposés par les libéraux.

Ces changements seraient d'une durée limitée et coûteraient entre un et 1,5 milliard de dollars par année.

En point de presse, le chef libéral a accusé M. Harper de ne pas comprendre le fonctionnement du programme d'assurance emploi. «Bonifier le programme d'assurance emploi est un excellent moyen de stimuler l'économie. Les gens qui en ont besoin le dépensent rapidement. Tous les économistes sont d'accord là-dessus», a dit M. Ignatieff.