Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, n'exclut pas de poursuivre la douzaine de pays ayant décrété un embargo à l'égard du porc canadien devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Dans une déclaration conjointe avec ses homologues américain et mexicain, il a insisté sur le fait qu'il n'existait aucun fondement scientifique à un tel embargo et que, par conséquent, les pays qui interdisent le porc issu de l'Amérique du Nord par crainte de l'influenza A (H1N1) contreviennent à leurs obligations internationales.

M. Day, le représentant américain au Commerce, Ron Kirk, et le secrétaire mexicain de l'Economie, Gerardo Ruiz Mateos, rappellent que d'importantes sommes sont en jeu et que ces restrictions «injustifiées» entraîneront des pertes imposantes pour les producteurs de porc.

L'an dernier, les exportations canadiennes de porcs ou de produits du porc s'élevaient à 2,7 milliards $.

La semaine dernière, des porcs d'une ferme en Alberta ont été contaminés par la grippe A après avoir été en contact avec un travailleur porteur du virus. Cela a provoqué la crainte de certains partenaires commerciaux du pays, dont la Chine qui interdit depuis l'entrée du porc albertain sur son territoire.

«J'ai parlé à mon homologue chinois. J'ai été très clair en lui disant qu'il n'y avait pas de raison scientifique (pour un embargo). Il était ouvert et il m'a demandé de lui envoyer notre position et nos preuves scientifiques, et c'est exactement ce que nous allons faire», a indiqué le ministre Day en conférence téléphonique à partir de la Roumanie.

Tous les moyens «appropriés» seront envisagés pour défendre les producteurs de porc canadien, a-t-il spécifié, y compris celui d'amener les pays ayant décrété un embargo devant les tribunaux internationaux.

«Pour qu'un pays interdise l'importation d'un produit sur son territoire, il doit y avoir des raisons scientifiques. Les règles de l'OMC sont claires là-dessus. Et il n'y a pas de preuves scientifiques pour un embargo sur le porc canadien», a-t-il insisté.

La Russie, qui fait partie des pays ayant décrété un tel embargo, n'est cependant pas membre de l'OMC et les règles de l'Organisation ne peuvent donc s'y appliquer.

Après avoir laissé entendre mercredi que la grippe A pourrait survivre à la congélation, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rectifié le tir en soulignant que les virus grippaux «ne se transmettent pas à l'homme par l'ingestion de viande de porc transformée ou d'autres produits alimentaires élaborés à partir de viande de porc».

Retour à la normale

Jeudi, 13 nouveaux cas de grippe porcine ont été confirmés au Canada, dont un nouveau cas au Québec. Au total, 214 personnes ont été infectées par la grippe porcine au pays, mais tous les cas étaient bénins, à l'exception d'une fillette en Alberta qui a dû être hospitalisée, mais qui prend du mieux. Le virus a fait 44 victimes au Mexique et deux autres aux Etats-Unis.

Bonne nouvelle par contre, la maladie semble en régression et la vie au Mexique reprend progressivement son cours normal. Les écoles secondaires, les universités mexicaines, les cinémas et les restaurants ont d'ailleurs rouvert leurs portes jeudi.

Lors de son point de presse quotidien, le directeur national de la santé publique du Québec, Alain Poirier, a d'ailleurs indiqué que le sommet de début des symptômes des cas au pays se situait autour de la troisième semaine d'avril.

Il prévient cependant que des ajustements perpétuels seront nécessaires et que le système de surveillance devrait être adapté à l'évolution de la virulence du virus, notamment.

«Ce que plusieurs redoutent, c'est une évolution du virus et bien sûr l'hypothèse d'un retour en force à l'automne», a expliqué le docteur Poirier.

Cela donne néanmoins le temps aux scientifiques de la planète d'élaborer et de produire un vaccin contre cette souche d'ici là.