Le premier ministre Stephen Harper aurait dû appuyer son prédécesseur Brian Mulroney dès le début des révélations entourant ses liens avec l'homme d'affaires allemand Karlheinz Schreiber, estime l'ancien premier ministre Joe Clark.

«J'imagine que M. Harper regrette de ne pas avoir appuyé M. Mulroney dès le début de cette controverse», a dit M. Clark, hier, lors d'une entrevue avec La Presse.

 

Joe Clark, qui a été premier ministre progressiste-conservateur en 1979-1980 et ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Mulroney, était de passage à l'École de technologie supérieure dans le cadre d'une conférence sur l'Afrique.

En marge de l'événement, M. Clark s'est brièvement prononcé sur les tensions qui opposent Stephen Harper et Brian Mulroney.

Les deux hommes sont en froid depuis la fin de 2007. Ébranlé par les déclarations de Karlheinz Schreiber, de qui M. Mulroney aurait accepté 225 000$ en argent comptant, M. Harper a donné l'ordre à son équipe de rompre les liens avec Brian Mulroney. Pour faire la lumière sur les relations entre les deux hommes, il a également ordonné la tenue de la commission Oliphant, qui se déroule ces jours-ci à Ottawa.

«Je crois que M. Harper regrette d'avoir permis à cette animosité de se développer», a dit Joe Clark, hier, affirmant que le conflit actuel n'était «pas nécessaire».

La semaine dernière, Stephen Harper a dit aux membres de son caucus que Brian Mulroney devrait être traité avec «respect». Le premier ministre tentait ainsi d'apaiser la controverse entourant le traitement que les conservateurs réservent à M. Mulroney.

Joe Clark considère que les récentes paroles de Stephen Harper sont plus correctes, car «Mulroney est un ancien premier ministre qui mérite beaucoup de respect pour ses réalisations».

Joe Clark affirme entretenir de bonnes relations avec M. Mulroney, qu'il voit «de temps en temps». Au tournant des années 80, la relation entre les deux hommes était pourtant tendue. Des partisans de Brian Mulroney avaient organisé une campagne visant à se débarrasser de Joe Clark comme chef du parti. Et Karlheinz Schreiber a affirmé avoir fourni 25 000$ pour payer les frais de transport de délégués du Québec qui ont voté contre le leadership de Joe Clark au congrès conservateur de 1983.

M. Clark n'a pas fait d'autres commentaires sur la commission Oliphant, hier.

Aide humanitaire

L'École de technologie supérieure recevait M. Clark pour annoncer un projet de développement durable en République démocratique du Congo. M. Clark est président d'une firme canadienne travaillant au Ghana, entre autres.

Joe Clark s'est désolé du fait que Stephen Harper ait diminué l'aide humanitaire du Canada en Afrique. «Mais on doit se souvenir que le gouvernement actuel a commencé en ignorant tous les pays en voie de développement», a-t-il déclaré.

L'ancien politicien a également ajouté sa voix à celles qui réclament le rapatriement d'Omar Khadr de Guantánamo.

Joe Clark n'a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper. En 2004, il avait affirmé qu'il serait dangereux de le laisser diriger le pays, et que le libéral Paul Martin serait un moindre mal.

Alors, Michael Ignatieff ou Stephen Harper?

«J'ai un vote privé, et je veux le garder privé», a conclu Joe Clark, soulignant qu'il connaissait peu Michael Ignatieff.