Critiqué de toutes parts, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a promis que son gouvernement ne réduirait pas les budgets de Radio-Canada. Sa profession de foi envers la société d'État n'a toutefois pas convaincu les partis de l'opposition.

Devant le comité du Patrimoine canadien à la Chambre des communes, hier, le ministre Moore a assuré que son gouvernement soutenait le diffuseur public et comprenait son importance.

 

Depuis le refus du gouvernement d'accorder à Radio-Canada/CBC une aide financière d'urgence pour faire face à une crise sans précédent, les partis de l'opposition à Ottawa accusent les conservateurs de se réjouir des déboires du diffuseur public.

«La décision qui a été prise est, selon moi, dans le meilleur intérêt des contribuables, de la société et de la viabilité à long terme du monde de la radiodiffusion», s'est défendu James Moore hier, ajoutant qu'il avait une très bonne relation professionnelle avec le président de Radio-Canada, Hubert Lacroix.

«Sa profession de foi, je n'y crois pas, a réagi la députée bloquiste Carole Lavallée. Depuis qu'il a été élu, on s'aperçoit que ce qu'il dit et ce qu'il fait, c'est deux choses différentes.»

«Si vous aimiez votre diffuseur public, vous l'auriez soutenu dans les moments difficiles», a lancé la députée bloquiste au ministre, en comité.

Lapsus révélateur?

Mme Lavallée s'est réjouie d'un lapsus commis par le ministre, qui répondait à une attaque sur le manque d'intérêt de son parti pour le diffuseur public.

À la députée qui lui demandait pourquoi les membres du caucus conservateur «applaudissaient lorsqu'on parlait de la disparition de Radio-Canada», le ministre a répondu: «Ce n'est pas faux», avant de se reprendre et de dire que l'affirmation n'était «pas vraie».

Le député libéral Pablo Rodriguez n'a pas non plus été convaincu par les promesses du ministre. «Les conservateurs essaient de défendre le fait qu'ils ont augmenté le budget de Radio-Canada alors que c'est totalement faux, a-t-il dit. On est en pleine crise et le ministre n'amène aucune solution.»

Le porte-parole de l'organisme de surveillance Friends of Canadian Broadcasting (FCB), Ian Morrison, est lui aussi sorti déçu du témoignage de M. Moore en comité. Il espérait que le ministre dépose les crédits supplémentaires de 60 millions tant attendus.

«Les actions de ce gouvernement ne sont pas au diapason de ses paroles. C'est dommage», a souligné M. Morrison. Selon un sondage rendu public par FCB hier, 60% des Canadiens pensent que le gouvernement conservateur se conduit de façon hostile envers Radio-Canada. Le sondage a été réalisé par l'internet auprès de 3361 Canadiens en âge de voter et est doté d'une marge d'erreur de moins de 2 points de pourcentage.