Le juge John Gomery a affirmé vendredi que les retards ou les refus de demandes de documents en vertu de la Loi d'accès à l'information laissent voir le manque de transparence du gouvernement fédéral.

Prononçant un discours lors d'un dîner de l'Association du Barreau canadien, à Régina, M. Gomery a soutenu que ce type de transparence était crucial pour la population canadienne, la démocratie et la société en général.

«C'est une menace à un gouvernement transparent et à nos institutions démocratiques, pour être franc. Une population qui n'est pas informée, c'est une population qui ne peut pas voter de façon intelligente», a lancé celui qui a présidé la désormais célèbre enquête publique sur le scandale des commandites.

Mais améliorer la circulation d'informations gouvernementales grâce à des demandes d'accès à l'information n'est pas un enjeux très important aux yeux de la majorité des politiciens, a déploré M. Gomery.

Le juge a dit espérer que les Canadiens exerceront des pressions sur le gouvernement fédéral afin d'améliorer la situation.

Ce n'est pas la première fois que M. Gomery critique le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

L'an dernier, il s'était dit déçu que les 19 recommandations qu'il avait formulées dans son rapport d'enquête sur le scandale des commandites eussent été ignorées.

Il avait aussi soulevé des inquiétudes quant à l'accroissement des pouvoirs du bureau du premier ministre et il avait mis en garde les parlementaires face à ce qu'il estimait être une tendance inquiétante.

«Je crois que cette tendance représente un danger pour la démocratie canadienne et laisse la porte ouverte à l'interférence politique dans les opérations quotidiennes des programmes gouvernementaux qui a mené à ce qu'on appelle communément le scandale des commandites», avait affirmé le juge à la retraite lors d'une entrevue, en mars 2008.

Dans son premier rapport, remis en novembre 2005, M. Gomery avait durement réprimandé l'ancien gouvernement libéral d'avoir laissé des intermédiaires politiques faire de l'évasion fiscale avec des millions de dollars des contribuables, par des projets de commandite destinés à faire la promotion du fédéralisme au Québec.

Dans un second rapport de recommandations remis en février 2006, soit moins d'un mois après l'élection du premier gouvernement conservateur de M. Harper, M. Gomery avait cette fois-ci recommandé de mettre un terme au pouvoir du premier ministre de nommer des sous-ministres et des hauts fonctionnaires.