Un Canadien retenu au Soudan depuis 2003 et qui devrait rentrer au pays ce vendredi accuse le gouvernement fédéral de retarder intentionnellement son retour en refusant de lui délivrer des documents de voyage.

Alors qu'il refusait jusqu'à maintenant de parler publiquement de peur de contrarier les autorités qui lui ont permis de se réfugier depuis un an dans l'ambassade du Canada à Khartoum, le Canadien Abousfian Abdelrazik a décidé de rompre le silence, jeudi.

Dans une déclaration enregistrée qui a été rendue publique par ses avocats, M. Abdelrazik a indiqué qu'il tentait de rentrer chez lui depuis six ans, mais que le gouvernement canadien lui avait retiré son vieux passeport sans jamais lui en remettre un nouveau.

Il a ajouté qu'il avait été emprisonné et torturé, et que, même s'il se trouve en sécurité maintenant qu'il habite l'ambassade canadienne, ses enfants lui manquent. Sa fille adolescente est de plus devenue orpheline, depuis que son ancienne épouse est décédée.

M. Abdelrazik a également vertement critiqué le premier ministre Stephen Harper, lui reprochant de ne pas l'avoir rapatrié, tandis que des rapports de la GRC et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), obtenus par ses avocats, démontrent qu'il n'a rien fait de mal.

M. Abdelrazik a par ailleurs remercié les 170 Canadiens qui l'ont aidé en versant de l'argent pour acheter son billet d'avion.

Ottawa avait promis de lui délivrer un passeport s'il réussissait à s'acheter un billet d'avion mais la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé que M. Abdelrazik devait d'abord faire retirer son nom de la liste des Nations unies de personnes interdites de vol.

Le Canadien, qui habite Montréal, a été arrêté, emprisonné, interrogé puis relâché, au cours d'un séjour au Soudan en 2003, lorsqu'il rendait visite à sa mère. Il a été arrêté et emprisonné de nouveau en octobre 2005.

Des manifestations sont prévues dans 10 villes canadiennes, notamment à Montréal, si M. Abdelrazik ne peut prendre son avion ce vendredi.