Les autorités canadiennes ont communiqué avec le gouvernement afghan, mardi, pour lui faire part de leurs préoccupations au sujet d'une nouvelle loi controversée qui permettrait, selon les informations rapportées, aux hommes de violer leur femme.

Le gouvernement canadien a réagi avec indignation aux rapports voulant que l'administration du président Hamid Karzaï ait approuvé une loi familiale distincte pour la minorité chiite du pays. Selon divers comptes rendus, en vertu de cette loi, il deviendrait illégal pour une femme chiite de refuser des rapports sexuels à son mari, de quitter la maison sans sa permission, ou d'avoir la garde d'enfants.

Des représentants du Canada ont pris contact avec le bureau du président Karzaï, et le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a parlé à deux ministres afghans, mardi, pour leur demander des éclaircissements.

Au bureau du président Karzaï, on s'est jusqu'à présent refusé à commenter la législation, qui a été critiquée par certaines parlementaires afghanes et une agence de l'ONU pour les femmes, mais qui n'a pas encore été rendue publique.

Certains disent que le gouvernement Karzaï a approuvé la loi en hâte pour s'assurer de l'appui, aux prochaines élections, de la minorité ethnique des Hazaras, des musulmans chiites qui représentent une proportion substantielle d'électeurs indécis.

«Si ces informations sont vraies, cela va causer de sérieux problèmes pour le Canada», a déclaré le ministre du Commerce international Stockwell Day, qui répondait aux questions sur le sujet aux Communes, son collègue, le ministre Cannon, étant en Europe pour un sommet international sur l'Afghanistan.

Le Nouveau Parti démocratique, qui s'est opposé à la mission militaire afghane, a lui aussi condamné la législation.

Plus tard mardi, des représentants canadiens ont dit avoir appris que la loi n'était pas encore en vigueur, mais ont précisé qu'ils demeurent «très préoccupés».

La constitution afghane garantit des droits égaux aux femmes, mais permet aussi aux chiites d'avoir une loi distincte en matière de droit familial, basée sur la tradition religieuse.