Trois Canadiens qui ont été emprisonnés et torturés en Syrie intentent de nouvelles actions en justice contre le gouvernement fédéral, armés de nouvelles informations issues d'une enquête ayant impliqué plusieurs agences dans leurs épreuves.

Les poursuites surviennent quatre mois après qu'une commission d'enquête eut conclu que les autorités canadiennes avaient contribué au sort brutal réservé à Ahmad El Maati, Muayyed Nureddin et Abdullah Almalki en partageant des renseignements - notamment des informations sans fondement au sujet de leurs présumés liens avec des extrémistes - avec des services de renseignement et de police étrangers.

L'ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci a pointé du doigt la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le ministère des Affaires étrangères pour leurs erreurs.

M. Iacobucci a conclu que les trois hommes avaient été torturés alors qu'ils étaient détenus en Syrie et aussi, dans le cas de M. El Maati, en Egypte. Aucun de ces hommes - qui se trouvent tous au Canada aujourd'hui et nient avoir été impliqués dans des activités terroristes - n'a été accusé de quoi que ce soit.

Les premières poursuites intentées avaient été interrompues durant l'enquête, qui a duré presque deux ans. Maintenant, les trois hommes s'adressent de nouveau aux tribunaux dans l'espoir d'être dédommagés par le gouvernement.

MM. El Maati et Nureddin cherchent à obtenir l'autorisation de modifier leurs poursuites d'origine. Ils ont d'ailleurs deposé de nouvelles réclamations auprès de la Cour supérieure de l'Ontario.

M. Almalki compte modifier sa propre réclamation lors des jours à venir.

Lors d'entrevues, MM. El Maati et Nureddin ont affirmé que même s'ils poursuivaient le gouvernement pour obtenir de lui des dommages pécuniaires, il était essentiel que le fédéral leur présente des excuses.

«Il est très important pour moi d'obtenir des excuses parce que sans excuses, la suspicion plane encore au-dessus de ma tête», a indiqué M. Nureddin, qui a fui l'Irak de Saddam Hussein il y a 15 ans.

«Nous vivons au Canada, une société démocratique. Il devrait être obligatoire de rendre des comptes», a-t-il ajouté.