Au moment où le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, réclame une révision des politiques de son pays à l'égard de l'Afghanistan, les chefs d'état-major des États-Unis et du Canada estiment que la sécurité sur le terrain passe par l'amélioration de la gouvernance et l'élection d'un gouvernement intègre.

La priorité sera donc mise, dans les prochains mois, sur la formation des forces civiles et militaires afghanes qui pourront aider à bâtir une administration saine à l'échelle locale, provinciale et nationale.

 

«Le manque de gouvernance, jumelé à la corruption existante, ce sera le défi numéro un que nous aurons», a indiqué l'amiral Mike Mullen, président de l'Instance collégiale des chefs d'état-major des États-Unis, qui a tenu un point de presse commun, hier, avec le chef d'état-major de la Défense canadienne, le général Walt Natynczyk.

«Si on ne règle pas les questions de gouvernance efficacement et rapidement, il y aura peu de progrès au plan de la sécurité», a estimé l'amiral Mullen.

«Ce qu'il manque, c'est un service public qui fait que la machine gouvernementale fonctionne», a renchéri le général Natynczyk. La formation de l'Armée nationale afghane par l'OTAN, notamment, prendrait du retard, selon un rapport du département américain de la Défense, cité par Le Devoir cette semaine.

À l'issue d'une rencontre de travail, les deux chefs d'état-major ont affirmé ne pas avoir discuté d'une éventuelle prolongation de la mission militaire canadienne en Afghanistan.

Le premier ministre conservateur Stephen Harper avait annoncé, en campagne électorale, l'automne dernier, que le Canada se retirerait des opérations de combat en 2011.

«C'est au gouvernement du Canada de prendre cette décision. Pas à moi ni à quiconque de mon pays. Si le Canada part en 2011, comme c'est son intention, nous nous ajusterons», a répondu l'amiral Mullen, qui réclame toutefois le déploiement de 30 000 soldats américains supplémentaires pour assurer la sécurité, notamment dans le sud du pays. Le président Obama n'a toutefois pas encore approuvé cette requête, qui doublerait la présence américaine dans le pays.

L'année 2009 sera cruciale pour l'Afghanistan, avec notamment la tenue d'élections, le 20 août, qui pourrait provoquer de violents débordements, ont mis en garde les chefs d'état-major. L'armée canadienne pourrait d'ailleurs augmenter sa présence pendant cette période en faisant en sorte que les troupes qui viennent prendre la relève se chevauchent avec celles qui doivent partir, a annoncé le général Natynczyk.

Ce scrutin se prépare alors que l'actuel gouvernement d'Hamid Karzaï est de plus en plus critiqué et accusé de corruption.

Le processus électoral doit être «transparent, équitable et inclusif de la population afghane», a dit espérer le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, dans la foulée de la rencontre des deux chefs d'état-major.