Le bureau du premier ministre refuse de dire si Stephen Harper discutera du cas d'Omar Khadr avec le président des États-Unis Barack Obama, lors de sa visite officielle, le 19 février prochain.

L'avocat militaire de M. Khadr, William Kuebler, a exprimé hier le souhait que le chef du gouvernement canadien profite de l'occasion pour aborder le sort de son ressortissant emprisonné à Guantánamo depuis six ans.

M. Kuebler fait pression sur le Canada depuis plusieurs mois, et particulièrement depuis l'arrivée en poste du président Obama, pour qu'il rapatrie son client au pays. L'un des premiers gestes de M. Obama lors de son entrée en fonction a été de suspendre les procédures judiciaires impliquant les détenus du centre de détention américain et d'annoncer la fermeture de l'établissement d'ici un an.

«La balle est désormais entre les mains de M. Harper et des différents niveaux de gouvernement canadien. Ils doivent être prêts à engager des discussions avec le gouvernement américain à propos des conditions précises selon lesquelles Omar pourra revenir au Canada», a affirmé M. Kuebler lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne. «J'espère que le premier ministre Harper demandera le rapatriement d'Omar et fera ce qui est juste.»

Omar Khadr, 22 ans et originaire de Toronto, a été capturé en 2002 par l'armée américaine à la suite d'affrontements avec les talibans. Il est accusé d'avoir tué un soldat américain en lançant une grenade. Il avait 15 ans à l'époque.

Hier, le bureau du premier ministre a refusé de dire si, oui ou non, le rapatriement d'Omar Khadr serait à l'ordre du jour durant la rencontre au sommet de la semaine prochaine. Le porte-parole de Stephen Harper, Dimitri Soudas, s'est contenté de reprendre les mots d'un communiqué envoyé il y a 10 jours, qui annonçait la venue du président.

«Les dossiers prioritaires qui vont être à l'ordre du jour seront la crise économique mondiale ainsi que l'économie de nos deux pays. Il y aura certainement aussi l'environnement, l'énergie et les affaires étrangères, notamment les efforts de nos deux pays en Afghanistan», a-t-il dit.

Superviser la libération

La demande de William Kuebler a tout de même trouvé écho à la Chambre des communes, où des députés du Bloc québécois et du Parti libéral ont eux aussi interpellé le gouvernement. Bob Rae, le critique libéral en matière d'Affaires étrangères, lui a demandé d'entamer dès maintenant des pourparlers avec les États-Unis pour coordonner une libération supervisée du jeune Torontois.

«Ne serait-il pas plus sage de négocier avec les États-Unis une libération supervisée de M. Khadr au Canada, où il pourrait être placé sous supervision et être guidé, plutôt que d'être simplement relâché?» a-t-il demandé.

«Je ne partage pas l'opinion de mon honorable collègue, a répondu le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Ce qui est dans l'intérêt du Canada est de laisser le gouvernement américain poursuivre le processus entamé par le président Obama et lorsque ce processus sera terminé, nous serons en mesure d'en voir le résultat.»

«Mes collaborateurs du ministère ont eu des discussions de façon régulière, tant avec la défense de M. Khadr, qu'avec la partie poursuivante dans cette affaire, et nous continuons évidemment ces discussions et cette disponibilité», a-t-il précisé.

- Avec La Presse Canadienne