La survie du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper et de son budget de relance économique repose entre les mains du chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

M. Ignatieff annoncera à 11 h aujourd'hui s'il demandera à ses troupes d'appuyer le budget déposé hier par le ministre des Finances, Jim Flaherty, ou s'il leur demandera plutôt de voter contre. Ce budget, qui renoue avec l'encre rouge pour la première fois en 12 ans (34 milliards de déficit uniquement en 2009-2011), propose un train de mesures pour relancer l'économie canadienne, ralentie par la récession mondiale.

Le Bloc québécois et le NPD ont déjà annoncé qu'ils voteront contre le budget, estimant que les mesures proposées sont nettement insuffisantes pour affronter la crise.

Le Parti conservateur détient 143 des 308 sièges aux Communes. Il a besoin de l'appui d'un des trois partis de l'opposition pour faire adopter le budget et survivre à un vote de confiance. Le Parti libéral compte pour sa part 77 sièges, le Bloc québécois 49 sièges et le NPD 37 sièges. Il y a deux députés indépendants.

Contrairement aux habitudes de ses prédécesseurs, M. Ignatieff a refusé hier de révéler les intentions de son parti immédiatement après la lecture du budget par le ministre Flaherty. Il a préféré prendre quelques heures de plus pour lire le budget en profondeur, évaluer l'efficacité des différentes mesures proposées et consulter son caucus avant d'annoncer ses couleurs.

Durant un bref point de presse, hier, M. Ignatieff a indiqué que le budget contient des mesures positives, mais aussi des aspects négatifs

«Il y a des aspects positifs du budget qui, je crois, sont le résultat de la pression des partis de l'opposition. Il y a aussi des côtés négatifs de ce budget. Je veux consulter mes députés», a dit M. Ignatieff.

Le chef libéral a dit croire que les conservateurs continuent à sous-estimer l'ampleur de la crise économique. Il s'est aussi demandé si le gouvernement en fait assez pour aider les chômeurs et si les investissements prévus pour les projets d'infrastructures pourront être réalisés rapidement, comme promis.

La décision que prendra M. Ignatieff sera donc lourde de conséquences. Un rejet du budget entraînera la chute du gouvernement Harper et forcera la gouverneure générale Michaëlle Jean à demander à la coalition PLC-NPD-Bloc de prendre la relève ou à déclencher des élections générales.

Toutefois, la grande majorité des observateurs s'attendent à ce que le chef libéral annonce qu'il donnera son appui au plan budgétaire du gouvernement Harper.

Au cours des derniers jours, le chef libéral Michael Ignatieff a répété à plusieurs reprises que le gouvernement Harper pourrait obtenir l'appui de ses troupes si le budget respectait au moins trois conditions générales, à savoir que les mesures budgétaires protègent les plus vulnérables, qu'elles protègent les emplois actuels et qu'elles permettent de créer les emplois de demain.

Avant même de connaître les détails du budget, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et son collègue du NPD, Jack Layton, avaient affirmé n'avoir plus confiance envers le gouvernement Harper. Ils ont fait valoir que le meilleur moyen de relancer l'économie est de remplacer le gouvernement conservateur par un gouvernement de coalition formé du Parti libéral et du NPD et appuyé par le Bloc québécois.

Après avoir pris connaissance du budget, hier, le chef bloquiste Gilles Duceppe a soutenu que le gouvernement Harper n'avait pu mettre de côté son idéologie de droite en rédigeant le budget. Il a aussi accusé les conservateurs de favoriser nettement l'Ontario au détriment du Québec dans ses choix budgétaires.

«Le Bloc québécois va prendre ses responsabilités et voter contre ce budget injuste, idéologique et qui ne répond pas aux priorités du Québec. Nous invitons les députés libéraux et néo-démocrates à rejeter ce budget. Il est clair à la lecture de ce budget que la coalition demeure la meilleure option pour les gens, pour l'économie et pour le Québec», a dit M. Duceppe.

Le chef du NPD, Jack Layton, a affirmé que le budget n'aide en rien la cause des plus vulnérables. «Nous avons examiné ce budget de très près et il est clair qu'il ne protège pas les plus vulnérables de la société. Nous sommes déçus. C'est une occasion ratée», a-t-il dit.