Le NPD et des groupes environnementaux ont demandé hier au gouvernement Harper de ne pas se servir de la récession comme prétexte pour réduire ses évaluations environnementales. En conférence de presse à Ottawa, le NPD a dévoilé le compte rendu d'une conversation téléphonique qu'il dit avoir obtenu de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Le document évoque la possibilité d'annuler par règlement l'obligation faite au gouvernement fédéral de mener des évaluations de projets d'infrastructures dont la valeur est inférieure à 10 millions de dollars.

Cette nouvelle mesure s'inscrirait dans ce à quoi le ministre des Transports, John Baird, a déjà fait allusion il y a quelques jours : éliminer des obstacles réglementaires pour permettre aux projets d'infrastructures qui seront inclus dans le budget fédéral de la semaine prochaine de débuter le plus rapidement possible. Le courriel distribué aux journalistes évoque aussi l'adoption d'une nouvelle loi d'ici mars ou avril, par laquelle les évaluations environnementales des provinces et du fédéral seraient fondues l'une dans l'autre. La porte-parole du NPD en matière d'environnement, Linda Duncan, en compagnie de membres du Sierra Club, d'Écojustice et de Mines Alertes, ont dit craindre que le gouvernement soit en train de vider la loi fédérale de toute substance et de mettre la vie et la santé de millions de Canadiens en péril. «Les provinces ont systématiquement miné la valeur des évaluations environnementales au cours des années. À l'heure actuelle, le processus fédéral est vraiment le processus le plus efficace pour tenter d'obtenir des informations sur les effets négatifs de projets sur l'environnement. Il y a quelques exceptions: je pense que le Québec est une exception et que son processus n'est pas mauvais», a déclaré le directeur exécutif du Sierra Club, Stephen Hazell.

 

Selon eux, il est faux de dire que les évaluations environnementales sont la cause de retards dans différents projets. «Les obstacles dont les municipalités se plaignent, ce ne sont pas les évaluations environnementales. Ce sont les obstacles posés par la bureaucratie dans le financement des projets de Chantier Canada», a déclaré la députée d'Edmonton- Strathcona, Linda Duncan. «Le processus est très efficace et il est déjà coordonné avec le processus provincial «, a-t-elle ajouté. Mme Duncan a fait valoir que les intentions du fédéral pourraient, par exemple, lui permettre d'établir un dépôt temporaire de déchets toxiques sur des territoires autochtones sans qu'aucune évaluation environnementale ne soit menée. Autre exemple: pour éviter d'avoir à se soumettre à une évaluation, le gouvernement pourrait décider de diviser un projet en une série de sous-projets, chacun de moins de 10 millions de dollars.

Les groupes présents à la conférence de presse d'hier entendent donc rester vigilants lors du dépôt du budget fédéral, pour voir si le gouvernement Harper compte aller de l'avant avec ces intentions, que les fonctionnaires auteurs du compte rendu ont qualifiées d'options considérées sérieusement. «Il n'y a pas de projet de loi devant le Parlement en ce moment et donc aucune décision finale n'a été prise «, s'est contenté de réagir une porte-parole de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, Lucille Jamault.