Le gouvernement Harper n'a guère l'intention de réduire les paiements de transferts aux provinces lorsqu'il devra s'attaquer à l'énorme déficit qui point à l'horizon une fois que la récession économique sera terminée.

Le premier ministre Stephen Harper a pris cet engagement formel dans une entrevue publiée hier dans le quotidien albertain The Calgary Herald. Ainsi, les paiements de transferts qu'Ottawa verse aux provinces pour les aider à financer des programmes sociaux tels que la santé et l'éducation continueront d'augmenter au rythme prévu dans le dernier budget.

M. Harper ne veut donc pas utiliser la méthode employée par les libéraux de Jean Chrétien, qui avaient sabré de manière importante les paiements de transferts aux provinces dans la lutte qu'ils ont menée pour éliminer le déficit dans les années 90. Ces compressions avaient provoqué l'ire des provinces qui avaient été contraintes de réduire les services offerts à la population, notamment en santé.

«Nous n'avons pas l'intention de couper dans les transferts. Il y a deux ans, nous avons déposé un plan à long terme pour les paiements de transferts. Cela a permis de régler le déséquilibre fiscal. Nous avons l'intention de maintenir ces paiements», a affirmé le premier ministre.

M. Harper a tenu ces propos quelque 48 heures avant de rencontrer les premiers ministres des provinces dans le cadre d'une conférence fédérale-provinciale pour faire le point sur la situation économique qui se détériore rapidement au pays.

Insatisfaction

Certains premiers ministres, dont Jean Charest, du Québec, ont promis de soulever l'avenir des paiements de transferts ainsi que les paiements de péréquation durant cette conférence.

Hier, Jean Charest a fait savoir qu'il était insatisfait des changements apportés au programme de péréquation par le ministre des Finances Jim Flaherty. Ce dernier a annoncé au début novembre que la hausse des paiements de péréquation sera désormais alignée sur le rythme de croissance de l'économie canadienne. Le rythme de croissance de ces paiements était de près de 10 à 15% au cours des dernières années et ne pouvait être maintenu, selon M. Flaherty.

À l'époque, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avait dit juger «raisonnable» cette mesure proposée par Ottawa. Le programme de péréquation est un programme fédéral qui permet à Ottawa de verser des paiements à certaines provinces qui n'ont pas l'assiette fiscale suffisante pour offrir des services comparables à ceux des provinces plus riches.

Étonnement

La sortie d'hier de Jean Charest a fait sourciller les proches collaborateurs de Stephen Harper. «Avant les élections provinciales, la ministre des Finances du gouvernement du Québec avait qualifié de 'raisonnable' le fait que les paiements de péréquation allaient augmenter au même rythme que la croissance de l'économie canadienne. Aujourd'hui, le gouvernement du Québec qualifie d'inacceptable cette même mesure. Il s'agit de deux positions différentes sur le même sujet en moins de trois mois», a affirmé Dimitri Soudas, un proche conseiller de Stephen Harper.

En privé, des proches collaborateurs de Jean Charest avaient d'ailleurs assuré le gouvernement Harper que le Québec était d'accord avec le nouveau calcul de la péréquation du ministre Flaherty.

Durant la rencontre au sommet de ce soir et demain, les premiers ministres doivent discuter des moyens à prendre rapidement qui pourraient permettre de relancer l'économie canadienne, notamment les investissements massifs dans les projets d'infrastructures. Stephen Harper compte aussi mettre au parfum ses homologues provinciaux des mesures que son gouvernement minoritaire compte prendre dans le budget qui sera déposé le 27 janvier.