Les diplomates canadiens, Robert Fowler et Louis Guay, ainsi que leur chauffeur nigérien, Soumana Mounkaila, disparus voici exactement 30 jours hier au Niger, seraient aux mains de «groupes terroristes», selon le président nigérien Mamadou Tandja.

M. Tandja a fait cette déclaration hier lors d'une cérémonie au cours de laquelle il a transmis ses voeux au corps diplomatique de Niamey. Les «groupes terroristes» en question seraient des mouvements rebelles touaregs du nord du Niger, selon une allusion faite par le chef de l'État nigérien.

 

C'est la première fois, rapporte l'agence AFP, que le président Tandja évoque publiquement la disparition des deux diplomates canadiens, Robert Fowler et Louis Guay, qui travaillent pour les Nations unies.

«En ayant une pensée pour l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies au Niger (Bob Fowler) et ses collaborateurs, ainsi que leurs familles respectives restées sans nouvelles d'eux et en souhaitant qu'ils retrouvent rapidement la liberté, toutes les investigations menées portent à croire qu'ils sont otages de groupes terroristes», a affirmé M. Tandja.

Au ministère des Affaires étrangères à Ottawa, un porte-parole a fait savoir à La Presse par courriel que le Ministère se refuse à toute spéculation sur les propos du président du Niger.

«Comme vous le savez, souligne le porte-parole, les représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international dans la capitale du Niger, ainsi que nos représentants aux bureaux régionaux, prennent toutes les mesures appropriées en ce moment.»

Il est possible que le gouvernement canadien en sache davantage sur le sort de MM. Fowler, Guay et Mounkaila, si l'on en croit le porte-parole aux Affaires étrangères. Mais la discrétion est de mise sur cette affaire.

«Nous ne partagerons pas d'informations qui pourraient compromettre nos efforts ou qui pourraient mettre en danger les individus impliqués. En traitant d'une situation où des vies pourraient être en danger, la prudence et le bon jugement sont de mise», affirme le porte-parole.

Les deux hommes et leur chauffeur sont portés manquants depuis une excursion le 14 décembre dans une mine d'or exploitée par la société canadienne Semafo à Samira, à l'ouest de Niamey, selon l'AFP. Leur voiture avait été retrouvée à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest de Niamey, moteur tournant et portières ouvertes.

«Deux jours après l'annonce de leur disparition, rappelle l'AFP, un groupe rebelle touareg, le Front des Forces de redressement (FFR), avait dans un premier temps revendiqué sur son site internet leur enlèvement, mais quelques heures plus tard, le président du FFR, Mohamed Awtchiki Kriska, avait catégoriquement démenti.»

Quant au principal mouvement rebelle touareg opérant au nord du pays, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), il avait pour sa part immédiatement nié toute responsabilité dans la disparition des deux diplomates.

Des journalistes du Niger ont avancé dans des rapports de presse que leur gouvernement pourrait être responsable de la disparition des trois hommes, ce qu'ont catégoriquement nié les autorités du pays. Il semble que le gouvernement nigérien n'ait guère prisé l'envoi par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de Bob Fowler afin d'entreprendre des discussions exploratoires sur la pacification du pays aux prises avec une rébellion des Touaregs.

Des observateurs familiers de la région croient pour leur part que MM. Fowler et Guay ont été enlevés par une branche locale d'Al-Qaeda.