Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a servi mardi un avertissement aux libéraux: si ceux-ci préfèrent attendre avant de faire tomber le gouvernement minoritaire conservateur, rien ne leur garantit que les autres partis d'opposition seront au rendez-vous dans quelques mois.

C'est le député Thomas Mulcair qui a senti le besoin de faire cette sortie alors qu'il s'apprêtait à livrer sa liste d'exigences pour le budget fédéral au ministre des Finances. Le NPD réclame de l'aide financière aux familles, un plan de relance pour les secteurs manufacturier et forestier et un investissement massif en infrastructures.

Il faut dire que les néo-démocrates soumettent leur liste au gouvernement conservateur avec beaucoup de scepticisme. Avant d'aller rencontrer le ministre Jim Flaherty, le député Mulcair déclarait dans un point de presse: «Leur but immédiat, c'est de sauver leur vie politique (...) d'où leur intérêt à dire n'importe quoi dans le budget.»

C'est pourquoi le NPD continue à militer pour la chute du gouvernement minoritaire dès le budget du 27 janvier et son remplacement par un gouvernement de coalition, formé par les libéraux et les néo-démocrates et appuyé par les bloquistes.

Comme les libéraux de Michael Ignatieff ont fait savoir qu'ils pourraient voter en faveur de ce budget s'ils y trouvaient leur compte, ceci leur permettrait d'utiliser les mois d'hiver et de printemps pour rebâtir leur parti et se préparer à des élections.

Le député Mulcair dit, lui, qu'il faudrait un miracle pour que les néo-démocrates appuient le budget. «Même si les conservateurs décident, pour sauver leur peau, de copier un certain nombre de choses dans les suggestions des partis d'opposition, la vraie question est: «est-ce qu'on peut leur faire confiance?» Et la réponse, de notre côté, basée sur trois ans d'expérience, c'est non.» Les bloquistes partagent cette attitude.

Restent les libéraux. Et ce sont eux que M. Mulcair relance, lorsqu'il demande ce qu'il adviendra dans quelques mois, si la chute du gouvernement ne se matérialise pas dans les prochaines semaines. «Est-ce qu'il y aura une vision unique pour défaire le gouvernement ou est-ce que chacun va retrouver ses propres intérêts stratégiques? (...) Ca prend les trois partis d'opposition pour défaire le gouvernement. Si la coalition ne voit jamais le jour, ça va faire partie des évaluations de tous et chacun», a-t-il fait valoir.

Le député rappelle que les libéraux, sous Stéphane Dion, s'imaginaient pouvoir faire tomber le gouvernement au moment qu'ils jugeraient propice. Ils ont fait un mauvais calcul; les conservateurs ont déclenché les élections lorsque les sondages leur étaient le plus favorables.