Le Québec verra son poids politique à la Chambre des communes diminuer de nouveau, vraisemblablement à partir de 2011, conséquence directe de la croissance démographique fulgurante de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.

Le gouvernement Harper compte en effet octroyer de nouveaux sièges à ces trois provinces afin de refléter les résultats du prochain recensement. Les dernières données permettent de croire que l'Ontario obtiendra 21 sièges de plus, tandis que l'Alberta et la Colombie-Britannique en auront chacune 5 de plus.

Hier, le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a fait savoir durant sa conférence de presse de fin d'année qu'il s'était entendu vendredi dernier avec le premier ministre Stephen Harper pour que l'Ontario obtienne plus de sièges compte tenu de la croissance de sa population.

Au départ, le gouvernement Harper comptait octroyer seulement 10 nouveaux sièges à la province la plus populeuse du pays, ce qui avait soulevé l'ire du gouvernement libéral de Dalton McGuinty. Un projet de loi en ce sens avait même été déposé en mai 2007. «J'ai abordé cette question avec M. Harper et je crois que nous avons réglé le problème «, a affirmé M. McGuinty, manifestement satisfait.

À l'heure actuelle, l'Ontario compte 106 des 308 sièges à la Chambre des communes. Mais la redistribution des sièges envisagée par le gouvernement Harper portera son total à 127 sièges. Pour sa part, l'Alberta verra le nombre de ses sièges passer de 28 à 33, tandis que la Colombie-Britannique comptera 41 sièges au lieu des 36 actuels.

Pas d'augmentation

Le Québec, pour sa part, continuera d'avoir 75 sièges aux Communes, sa population n'ayant pas suffisamment augmenté pour justifier l'octroi d'autres circonscriptions. Le Québec compte le même nombre de sièges depuis 1976. Durant la même période, l'Ontario s'est vu accorder 21 sièges de plus pour tenir compte de sa croissance démographique.

«Nous déposerons à la Chambre des communes un projet de loi qui rapprochera l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta du principe de la représentation selon la population», a confirmé hier Dimitri Soudas, proche collaborateur de Stephen Harper.

Résultat: le pouvoir politique dont a disposé le Québec historiquement à la Chambre des communes est en train de passer de plus en plus aux mains de l'Ontario et des provinces de l'Ouest. Ainsi, un parti politique pourrait, à partir de 2011, remporter une majorité des sièges à la Chambre des communes en faisant des gains minimes au

Québec.

Poids relatif

Hier, le Bloc québécois s'est insurgé contre l'intention du gouvernement Harper d'accorder de nouveaux sièges à l'Ontario, à l'Alberta et à la Colombie-Britannique. Selon le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, le Québec devrait aussi obtenir de nouveaux sièges pour s'assurer que le poids politique de la «nation québécoise» aux Communes soit maintenu.

«On s'était opposés au projet de loi initial du gouvernement conservateur parce que cela diluait le poids politique du Québec. À partir du moment où on a reconnu que la nation québécoise existait, il faut s'assurer que cette nation ait une capacité de se faire entendre dans les institutions fédérales. On ne voit pas de problème à ce que l'Ontario ou d'autres provinces obtiennent de nouveaux sièges, à condition que le poids relatif du Québec demeure à 24 ou 25%, comme c'est le cas présentement «, a dit M. Paquette.

Le député bloquiste a souligné que l'an dernier, l'Assemblée nationale avait adopté une motion s'opposant au projet de loi initial du gouvernement Harper d'accorder de nouveaux sièges aux trois provinces.