La reconstruction du Parti libéral du Canada au Québec sera la priorité du nouveau chef de la formation, Michael Ignatieff, ont confirmé à La Presse hier plusieurs sources libérales. Le leader multipliera d'ailleurs les efforts au cours des prochains mois afin de tisser des liens plus étroits avec les libéraux provinciaux de Jean Charest.

Signe des relations étroites qu'il veut bâtir avec les libéraux provinciaux, Michael Ignatieff a téléphoné à Jean Charest lundi après-midi, afin de lui souhaiter bonne chance en ce jour d'élections provinciales. M. Charest a été reconduit au pouvoir avec une mince majorité de sièges à l'Assemblée nationale.

 

M. Ignatieff compte ainsi profiter du froid qui s'est installé entre les libéraux de Jean Charest et les conservateurs de Stephen Harper depuis près d'un an.

«Ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas plus de liens étroits entre le PLC et le PLQ», a affirmé hier un stratège libéral influent. «Il y a beaucoup d'organisateurs qui travaillent pour les deux partis dans la région de Montréal, mais nous sommes extrêmement faibles dans les régions du Québec. Maintenant, les astres semblent bien alignés entre les deux partis pour la première fois depuis longtemps.»

«Nous ne pouvons jamais tenir l'appui formel du Parti libéral du Québec pour acquis. Mais il me semble qu'il est possible d'avoir des liens avec des gens dont les intérêts convergent avec les nôtres, particulièrement dans le contexte de crise que nous vivons», a ajouté un autre stratège libéral qui travaille dans l'entourage de M. Ignatieff.

En conférence de presse, hier, après avoir été officiellement confirmé dans ses nouvelles fonctions par l'exécutif national du parti, le nouveau chef libéral a reconnu que le PLC a une pente abrupte à remonter au Québec.

Mais à la lumière des propos tenus la semaine dernière par le premier ministre Stephen Harper à l'endroit des députés du Bloc québécois, M. Ignatieff a dit croire que le vent est en train de tourner en faveur du Parti libéral dans la province comme véritable option fédéraliste.

«Nous avons fait du progrès lors des dernières élections. Nous avons beaucoup de travail à faire. Je dois faire des tournées dans toutes les petites villes, dans toutes les petites communautés des régions du Québec. Je dois hisser le drapeau du libéralisme, je dois faire des discours dans les petites salles, dans les grandes salles, dans les églises, partout», a dit M. Ignatieff.

»L'option fédéraliste au Québec»

«Je suis convaincu, après les semaines dernières, que nous sommes devenus l'option fédéraliste au Québec. M. Harper a perdu beaucoup de crédibilité avec l'électorat du Québec lors des dernières semaines et lors des derniers mois», a-t-il ajouté.

M. Ignatieff faisait ainsi allusion aux attaques de M. Harper contre le projet de gouvernement de coalition formé du PLC et du NPD et appuyé par le Bloc québécois, un parti voué à l'indépendance du Québec. M. Harper a soutenu que cette coalition qui tente de renverser son gouvernement minoritaire était «antidémocratique» et pourrait être néfaste à l'économie canadienne. Il a aussi affirmé que le premier ministre du Canada ne devrait jamais soumettre la gouverne du pays à un droit de veto à un parti souverainiste.

Hier, M. Ignatieff a soutenu que M. Harper avait causé des tensions inutiles en tenant de tels propos pour se maintenir au pouvoir.

«M. Harper a semé des tensions au sein de notre fédération lors de sa tentative désespérée de conserver son pouvoir. Les Canadiens ont une longue mémoire politique et ça va être très difficile de pardonner à un premier ministre d'avoir fait quelque chose comme cela. Parce que le travail essentiel d'un premier ministre, c'est très simple. Dans un mot, c'est de rassembler les Canadiens, d'unifier les gens et pas de les diviser. Et M. Harper est devenu un homme de division. Et je crois que les Canadiens ont besoin de quelqu'un qui comprend que la tâche d'un premier ministre, c'est de rassembler, c'est de calmer les esprits, c'est de travailler tous ensemble.»