Le ministre des Finances, Jim Flaherty, croit que le gouvernement fédéral pourrait maintenir l'équilibre budgétaire de justesse au cours des deux prochains exercices financiers malgré la récession qui frappe de plein fouet l'économie mondiale.

Dans sa mise à jour économique et financière déposée aux Communes hier, le grand argentier du pays prévoit un maigre surplus de 100 millions dedollars en 2009-2010 et 2010-2011. Pour l'exercice financier en cours, qui prend fin le 31 mars 2009, M. Flaherty prévoit toujours un modeste excédent de 800 millions.

Pour y arriver, le ministre table toutefois sur la vente d'actifs du gouvernement fédéral d'une valeur de 2,3 milliards et l'imposition des mesures d'austérité de deux milliards aux divers ministères. Il rappelle aussi son intention de limiter la hausse des paiements de péréquation aux provinces au rythme de la croissance économique, ce qui permettra des économies de deux milliards l'an prochain.

Mais étant donné que le gouvernement Harper envisage d'adopter un train de mesures pour venir en aide à certains secteurs importants de l'économie canadienne, notamment le secteur manufacturier, un déficit semble inéluctable malgré tout à partir de l'an prochain et l'année suivante, selon M. Flaherty. L'ampleur des mesures pour soutenir l'économie, et du déficit, reste donc à être déterminée. Le ministre compte annoncer ces mesures dans son prochain budget, prévu au début de l'année.

«L'énoncé d'aujourd'hui présente un plan qui nous permet d'équilibrer le budget pour l'instant. Cependant, dans les semaines qui viennent, nous déciderons de l'ampleur des stimulants que nous injecterons dans l'économie en unissant nos efforts à ceux de nos partenaires internationaux», a affirmé M. Flaherty dans un discours prononcé à la Chambre des communes.

«Toutes les nouvelles mesures que nous prendrons pour soutenir l'économie auront une incidence sur les résultats nets de notre prochain budget. Ces mesures, ou encore une détérioration plus grave des conditions économiques mondiales, pourraient amener un déficit», a ajouté le ministre.

Éviter le déficit

Le déficit pourrait être plus important encore si l'économie mondiale se détériore davantage, a convenu M. Flaherty. Mais il s'est empressé d'ajouter que le gouvernement doit s'assurer que l'encre rouge qui s'en vient soit temporaire et soit effacée dès que l'économie reprendra du tonus.

Durant la dernière campagne électorale, tant le ministre Flaherty que le premier ministre Stephen Harper avaient affirmé qu'Ottawa ne renouerait pas avec les déficits au cours des prochaines années. Si M. Flaherty n'arrive pas à équilibrer le budget l'an prochain, il s'agira du premier déficit en 13 ans.

«Nous ne prenons pas à la légère la perspective d'un déficit. La possibilité d'un déficit structurel à long terme, dont le gouvernement pourrait être incapable de se dégager malgré une amélioration économique, serait encore plus grave. Nous avons vécu des années, des décennies même de déficits chroniques. Peu importe ce que nous réserve 2009, ces périodes de déficits ne doivent jamais réapparaître», a affirmé le ministre.

Cela dit, M. Flaherty a répété que le Canada est en bonne position pour affronter la tempête économique. Il a aussi affirmé que les réductions des impôts des particuliers et des entreprises ainsi que la baisse de la TPS de deux points de pourcentage depuis 2006 ont été salutaires pour l'économie canadienne jusqu'ici.

«Les Canadiens et nos entreprises paieront 31 milliards de dollars de moins en impôts et en taxes l'an prochain grâce aux allègements adoptés depuis 2006. Cette somme correspond à tout prêt de 2% du produit intérieur brut du Canada. Il s'agit là d'une importante mesure de stimulation financière, une stimulation aux effets durables «, a-t-il souligné.

M. Flaherty a aussi indiqué que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour accélérer les investissements dans les projets d'infrastructures.

Le ministre a par ailleurs confirmé que le gouvernement compte abolir les subventions annuelles que verse l'État aux partis politiques. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 1er avril, permettra d'économiser 27 millions de dollars. Les partis de l'opposition ont vivement dénoncé cette manoeuvre qu'ils jugent antidémocratique.

Mais le ministre a rétorqué que la classe politique devait prêcher par l'exemple en ces temps économiques difficiles. «Les Canadiens paient leurs propres factures, et certains d'entre eux ont de plus en plus de difficulté à le faire. Les partis politiques doivent aussi payer leurs propres factures sans puiser à outrance dans les fonds publics», a affirmé M. Flaherty.

Le ministre a aussi annoncé deux autres mesures controversées qui touchent la fonction publique. D'abord, le gouvernement veut priver les fonctionnaires de leur droit de grève jusqu'en 2011. Ensuite, il veut aussi changer la façon dont sont réglés les litiges sur l'équité salariale de ses employés dans le but de réduire leurs coûts.