Le ministre des Finances Jim Flaherty maniera la hache demain lorsqu'il fera la mise à jour économique et financière du pays à la Chambre des communes.

Désirant prêcher par l'exemple en ces temps de difficultés économiques, le ministre annoncera une série de mesures visant à réduire les dépenses dites discrétionnaires du gouvernement fédéral. Les députés et ministres, de même que les hauts fonctionnaires, seront visés par plusieurs de ces mesures, a confirmé hier un stratège conservateur sous le couvert de l'anonymat.

Résultat: les salaires des députés, les frais de déplacement, les pensions des élus, les subventions versées aux partis politiques par l'État pourraient être dans la ligne de mire du grand argentier du pays dans cette première vague de compressions visant à limiter les dépenses du gouvernement, a-t-on laissé entendre hier.

«Nous allons prêcher par l'exemple. La situation économique est très difficile. Ce ne sera plus business as usual à Ottawa. Tout le monde devra se serrer la ceinture ici», a certifié le stratège conservateur pour illustrer la situation difficile dans laquelle se retrouve maintenant le gouvernement fédéral à cause de la récession mondiale qui frappe de plein fouet.

Le stratège a refusé de préciser le montant total des réductions que contemple le gouvernement Harper au cours des prochaines années. Mais il a rappelé que les libéraux avaient promis de trouver 12 milliards de dollars d'économies durant la dernière campagne électorale.

«Le gouvernement est prêt à écouter les propositions des partis de l'opposition. Tout le monde doit faire sa part. C'est bien beau pour certains politiciens de faire la leçon, mais maintenant l'heure de vérité est arrivée», a dit le stratège.

M. Flaherty fera sa mise à jour économique et financière demain, quelques jours après avoir dit que le Canada tombera vraisemblablement en récession à partir du dernier trimestre de 2008 et au premier trimestre de 2009.

Le ministre fera également le point sur la marge de manoeuvre dont dispose Ottawa alors que les trois partis de l'opposition, certaines provinces et plusieurs économistes multiplient les pressions sur le gouvernement Harper pour qu' il annonce rapidement de nouvelles mesures pour stimuler la croissance économique et redonner confiance aux consommateurs, qui a atteint son niveau le plus bas depuis les récessions de 1990 et 1980.

De passage à Toronto, lundi, M. Flaherty a indiqué qu'il annoncera un train de mesures dans son prochain budget au début de la prochaine année.

Aux Communes, hier, M.Flaherty a de nouveau refusé de devancer le calendrier de son budget malgré les appels répétés des partis de l'opposition.

Il a toutefois indiqué que le gouvernement Harper fera «ce qui est nécessaire pour protéger les familles canadiennes, les individus, les entreprises» en cette période de crise économique.

Il a aussi affirmé que plusieurs mesures avaient été adoptées en 2006 et en 2007, dont les réductions d'impôts et de la TPS et la hausse des dépenses dans les projets d'infrastructures, pour soutenir la croissance économique.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est montré cinglant à l'endroit des conservateurs pour leur refus d'agir maintenant avant que la crise ne s'aggrave.

«Le premier ministre a déclenché des élections en invoquant la crise économique comme excuse. Pendant la campagne électorale, il s'est acharné à répéter qu'il n'y avait ni déficit à l'horizon, ni menace de récession. Aujourd'hui, il admet qu'il y aura un déficit dans son prochain budget et que la récession est bel et bien à nos portes. Le premier ministre peut-il nous expliquer pourquoi il était urgent d'aller en élections à cause de la crise économique, alors que maintenant ce n'est plus si urgent d'agir pour contrer cette même crise économique? « a lancé M. Duceppe.

«Les gens ne peuvent pas attendre sur un discours et des actions dans quelques mois. La crise frappe maintenant. L'industrie automobile est en déroute, mais le gouvernement ferme les yeux. Les gens perdent leur emploi, mais l'assurance emploi n'est pas là pour eux et leur famille quand ils ont besoin», a pour sa part affirmé le chef du NPD, Jack Layton.

En point de presse après la période de questions, le chef bloquiste Gilles Duceppe a soutenu qu'il y a moyen de réduire les dépenses à Ottawa sans toucher aux programmes essentiels comme les paiements de péréquation versés aux provinces. Il ne croit pas non plus que le salaire des députés est trop élevé.

«Ça a été décidé par des groupes indépendants et je pense que les salaires sont corrects. C'est un job exigeant «, a-t-il dit aux journalistes.