Pour que la fusion des trois provinces maritimes aille de l'avant, il faudrait d'abord s'aventurer dans une avenue que peu de politiciens osent emprunter depuis 20 ans: rouvrir la Constitution.

L'union du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard ne pourrait se faire sans changer l'acte fondateur du Canada, observe Henri Brun, constitutionnaliste à l'Université Laval. Cela voudrait dire que ses promoteurs devraient obtenir l'accord, soit de la totalité des provinces, soit de sept provinces dont le nombre d'habitants dépasse 50% de la population du pays.

Dans un cas comme dans l'autre, certains craignent que l'entreprise devienne un panier de crabes. D'autres provinces pourraient en profiter pour exiger à leur tour des changements à la Constitution, notamment le Québec, qui ne l'a jamais signée.

Pour M. Brun, toutefois, il serait étonnant que les provinces s'opposent à l'union des Maritimes si la population de la région se prononce clairement en faveur du projet dans un référendum. D'ailleurs, il s'explique mal la réticence des leaders politiques à rouvrir la Constitution. «Un pays ne peut pas vivre avec une Constitution éternellement fossilisée, observe-t-il. Il faut que ça bouge, que ça s'ajuste.»