À l'approche du 10e anniversaire de l'arrestation d'Omar Khadr, la pression s'accentue sur le gouvernement canadien pour qu'il le rapatrie. En plus des démarches judiciaires de ses avocats, plus de 17 000 personnes ont signé une pétition pour exiger son transfert dans une prison canadienne.

Le sénateur Roméo Dallaire a publié la pétition jeudi dernier sur le site international change.org. (change.org/omarkhadr). Mardi, plus de 17 000 personnes l'avaient signée. «Le cas d'Omar Khadr, citoyen canadien et ancien enfant soldat, déshonore notre société et témoigne d'un mépris manifeste envers les obligations internationales du Canada», écrit-il.

Roméo Dallaire invite Ottawa à «respecter son engagement» de rapatrier le Canadien de 25 ans, détenu depuis 10 ans à Guantánamo pour le meurtre d'un soldat américain en Afghanistan, le 27 juillet 2002.

En 2010, Khadr a plaidé coupable à cinq chefs d'accusation, dont un de crime de guerre, en échange de la promesse qu'il pourrait être transféré au Canada après avoir passé une année de plus à Guantánamo. Ses avocats ont déposé une requête de transfert l'an dernier, mais le ministre des Affaires étrangères, Vic Toews, n'y a toujours pas répondu.

La popularité de la pétition du sénateur Dallaire démontre que l'affaire Khadr préoccupe la population canadienne, selon Jordy Gold, directeur de campagnes au Canada pour le site change.org. «Si on se fie à ce qu'on a vu jusqu'à présent, on peut penser que le nombre de signatures va continuer d'augmenter rapidement», a-t-il dit.

En plus de rallier les internautes à la cause, la pétition mettra selon lui de la pression sur le gouvernement, puisque le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères reçoivent un courriel à chaque nouvelle signature.

Requête en cour fédérale

L'initiative de Roméo Dallaire s'ajoute aux démarches des avocats d'Omar Khadr, qui ont demandé à la cour fédérale vendredi de forcer le ministre de la Sécurité publique à rendre une décision concernant le transfert de son ressortissant. Ils jugent que le délai est «déraisonnable» et qu'il constitue un «abus de droit». Le gouvernement a 10 jours pour répondre à cette requête.

Au bureau de Vic Toews, on a indiqué l'automne dernier que le ministre prend en général 18 mois pour rendre une décision dans un dossier de transfert de prisonnier. «Les États-Unis ne veulent plus Omar Ahmed Khadr et nous ont demandé de le prendre. Une décision doit être prise dans le respect de la loi canadienne», a indiqué hier Julie Carmichael, directrice des communications au cabinet du ministre.

Omar Khadr, qui purge une peine de huit ans de prison, pourrait être admissible à une libération conditionnelle le printemps prochain, selon ses avocats.

Le sénateur Dallaire et les avocats d'Omar Khadr n'ont pu répondre à nos questions mardi.

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Chronologie

> Juillet 2002

Omar Khadr, 15 ans, est arrêté en Afghanistan. Les autorités américaines l'accusent notamment d'avoir assassiné un soldat américain à l'aide d'une grenade.

> Janvier 2010

La Cour suprême du Canada décrète que les droits constitutionnels de Khadr ont été violés, mais refuse d'ordonner au gouvernement de le rapatrier.

> Octobre 2010

Khadr plaide coupable à cinq chefs d'accusation, dont un de meurtre, en échange de la promesse de pouvoir purger une partie de sa peine au Canada.

> Mai 2011

Khadr fait une demande de transfert aux services correctionnels canadiens.

> Octobre 2011

Il devient admissible à un retour au Canada.

> Avril 2012

Washington demande à Ottawa de le rapatrier.

> Juin 2012

À Ottawa, les avocats canadiens et américains de Khadr pressent le gouvernement fédéral de rapatrier leur client.

> Juillet 2012

Ses avocats déposent une requête demandant à la Cour fédérale de forcer Ottawa à rendre une décision sur le transfert de leur client.