Le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron, n'entend pas baisser les armes. Parti en guerre contre la loi 101, il dévoilera mardi prochain «sa stratégie de contournement de la Charte de la langue française».

Dans un communiqué diffusé samedi, Stéphane Gendron qualifie de «complètement loufoques et ridicules» les débats qui ont eu lieu cette semaine dans les médias à la suite de sa sortie sur la loi 101.

Désignant la loi 101 comme étant «raciste et discriminatoire», le maire de Huntingdon, en Montérégie, a demandé que les villes québécoises puissent choisir la langue dans laquelle elles s'adressent à leurs citoyens.

En vertu de l'article 29.1 de la Charte de la langue française, seules les municipalités dont plus de la moitié des résidants sont de langue maternelle anglaise peuvent demander à être exemptées de l'obligation de se limiter au français, ce qui n'est pas le cas de Huntingdon.

L'Office québécois de la langue française (OQLF) a avisé la municipalité en janvier qu'une plainte avait été faite contre elle en raison de l'envoi de documents bilingues aux citoyens.

Stéphane Gendron ne compte pas se conformer aux directives de l'OQLF.

«Ici, le débat n'existe pas et les positions sont unanimes : l'information municipale doit être présentée dans les deux langues, et cette situation va demeurer, martèle Stéphane Gendron. C'est mal connaître l'histoire de la ville et de sa région pour commencer à vouloir rouvrir le débat sur la langue au Québec. Encore une fois, on préfère se laisser aller à la dérive du débat identitaire par complexe d'infériorité culturelle. C'est pathétique et ridicule. Comme des poules sans tête, certains agitateurs de l'opinion publique ont poursuivi leur bashing de la Ville et de ses citoyens sans prendre connaissance du dossier.»

Le maire Gendron fait valoir que sa municipalité n'a pas d'autres choix que de contourner la Charte de la langue française et de contester directement l'article 29.1 de cette Charte.

Sa stratégie sera dévoilée mardi prochain. Si elle refuse de se plier à la loi, Huntingdon pourrait devoir payer. Pour une personne morale, la loi prévoit des amendes variant entre 1500 $ et 20 000 $, le double en cas de récidive.

La ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, a soutenu mardi qu'aucune municipalité n'est «au-dessus des lois» et qu'il n'est pas question d'«ouvrir la Charte» sur cette question.