Le gouvernement Harper reconnaît avoir rapatrié au Canada quatre criminels soupçonnés ou condamnés, dont au moins trois détenus qui ont profité du séisme en Haïti pour s'évader de prison.

Ces trois personnes étaient vraisemblablement incarcérées au pénitencier de Port-au-Prince, duquel 4000 prisonniers se sont échappés le jour du tremblement de terre. Elles se seraient ensuite rendues à l'ambassade canadienne pour profiter des vols humanitaires organisés par l'armée.

 

«À l'heure actuelle, l'ASFC sait que lors des premiers jours de la crise en Haïti, quatre individus sont revenus au Canada et parmi eux, trois faisaient l'objet d'une enquête et étaient en détention, et un avait des condamnations au criminel», a expliqué Esme Bailey, porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), en réponse aux questions de La Presse.

Pour des raisons de confidentialité, l'ASFC a refusé de divulguer leur identité et les chefs d'accusation ou les condamnations qui pèsent contre eux. Une source bien au fait du dossier a toutefois affirmé qu'il s'agissait d'infractions non violentes.

L'Agence a également refusé de dire où ils se trouvaient présentement. Or, on sait qu'au moins deux d'entre eux sont à Montréal. Le site web RueFrontenac.com a en effet rapporté la semaine dernière que le propriétaire du Buffet Cristina à Saint-Léonard, Déjean Victor, et son frère, Abel, étaient de retour au pays, malgré qu'ils se soient fait arrêter le 30 décembre à l'aéroport de Port-au-Prince avec ce que la police locale affirme être 2,35 kg de cocaïne.

Une source gouvernementale a par ailleurs confié à La Presse que l'une des quatre personnes n'était pas citoyenne canadienne. Elle n'était pas détenue et aucune accusation ne pesait contre elle. Elle serait par contre une suspecte pour le gouvernement haïtien.

«Dans les cas où des individus se sont vu remettre des documents de voyage provisoires par erreur, le service de police local a immédiatement été avisé», a expliqué la porte-parole de l'ASFC dans un courriel.

Selon nos informations, la personne en question a déjà déposé une demande d'asile pour obtenir le statut de réfugié et ainsi éviter l'expatriation.

Comment?

Une autre question cruciale demeure sans réponse: comment des criminels ou des évadés de prison, dont un qui n'est pas citoyen canadien, sont-ils parvenus à passer les contrôles de sécurité de l'ASFC et à se faire émettre des documents de voyage provisoires par les autorités consulaires pour ultimement se faire rapatrier au Canada?

Tant à l'ASFC qu'au ministère des Affaires étrangères, on n'a pas été en mesure de répondre à cette question: les services des communications des deux départements se sont plutôt renvoyé la balle pendant trois jours.

«L'ASFC travaille en étroite collaboration avec ses partenaires d'application de la loi et lorsque nous disposons d'information sur la criminalité ou la criminalité suspectée d'une personne qui cherche à entrer au Canada, nous la partageons avec nos partenaires», a déclaré Esme Bailey, de l'ASFC.

«Dans les premiers jours après le séisme, les documents ont été émis sur la base des informations (que nous avions) sous la main, a-t-elle ajouté. Pour plus d'informations sur la façon dont les documents de voyage sont délivrés, veuillez joindre le ministère des Affaires étrangères.»

«L'information que vous cherchez dans ce dossier se trouve à l'Agence des services frontaliers», a pour sa part déclaré Melissa Lantsman, directrice parlementaire au bureau du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.