Le ministre de la Sécurité publique du Canada, Vic Toews, dit n'avoir aucune information prouvant que la traite de personnes et la prostitution sont en hausse à Vancouver à l'aube des Jeux olympiques.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, le ministre a ainsi contredit des groupes communautaires qui soutiennent avoir constaté une hausse du phénomène et même aidé des femmes à s'échapper.

 

Ces groupes, réunis sous la bannière du Citizens Summit Against Sex Slavery, accusent les gouvernements et les organisateurs de n'avoir pas réussi à empêcher les Jeux d'hiver de devenir des «Jeux sexuels».

Le Citizens Summit affirme avoir répertorié plus de 100 cas de femmes venues de partout au Canada pour se prostituer en vue des Jeux et «au moins cinq femmes victimes de traite internationale».

«Ces commentaires sont un peu exagérés, a répliqué Vic Toews, hier. Il est facile de dire qu'il y a de la traite de jeunes femmes. C'est regrettable, mais il y a de la traite de jeunes femmes chaque jour à Vancouver.»

Le ministre Toews a fait valoir que le gouvernement fédéral se penche sur le problème de la traite des personnes depuis 2007. Il a notamment investi 6 millions de dollars de plus chaque année pour combattre le fléau, mis sur pied des groupes de travail et formé les policiers.

Ottawa compte aussi suivre l'évolution de la situation au cours des Jeux et, éventuellement, consigner ses constatations dans un rapport, a affirmé M. Toews. «Cela nous aidera à déterminer s'il y a effectivement eu une augmentation du phénomène et ce que nous pourrons faire de plus, la prochaine fois que le Canada sera l'hôte d'une manifestation d'envergure.»

Mais cela est loin de rassurer Lee Lakeman, porte-parole du Citizens Summit de Vancouver. «Cette déclaration est plus que cynique, s'est-elle insurgée. Ça indique que le gouvernement savait très bien qu'il y aurait une hausse de la prostitution à Vancouver à cause des Jeux et qu'il a choisi de passer outre, de faire semblant de s'y intéresser en comptant le nombre de femmes qui seront mises sur le marché avant et après l'événement.»

Selon elle, l'attitude du gouvernement Harper en matière de prostitution et de traite des personnes est inefficace. «Non seulement il n'a pas agi: il a aggravé le problème!» a-t-elle lancé.

«À la fin des Jeux, nous verrons le lien entre l'argent dépensé par le gouvernement pour surveiller les citoyens ordinaires et le fait qu'il choisit de ne pas protéger les femmes qui sont exploitées sexuellement», a ajouté Mme Lakeman.

Ottawa a annoncé hier que 6000 policiers, 4800 agents de sécurité et 4000 membres des Forces canadiennes sont affectés à la sécurité à l'occasion des Jeux de Vancouver.

Avec la collaboration de William Leclerc