La chef de l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale, Pauline Marois, juge les demandes du secteur public «un peu élevées», un commentaire qui a fait sursauter les syndicats représentant les employés de l'Etat.

Interrogé à ce sujet, le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), qui regroupe de grands syndicats de ce secteur, a déploré la perception de Mme Marois.

Si Mme Marois étudiait les demandes syndicales plus à fond, «elle constaterait qu'elles sont raisonnables, raisonnées et totalement justifiables», a opiné la porte-parole du SISP, Lucie Martineau, également du Syndicat de la fonction publique du Québec.

En entrevue, Mme Martineau s'est d'ailleurs attardée à une autre partie de la déclaration de Mme Marois laissant entendre que l'on doive comparer la rémunération des employés de l'Etat à celle de travailleurs comparables.

«Non, on n'est pas divisés. Sur le fond des choses, c'est sûr qu'il y a des corrections à apporter à la rémunération de nos employés, a mentionné Mme Marois. Actuellement, il y a du retard qui s'est pris. Je ne crois pas qu'on sera gagnants, si nos employés sont moins rémunérés que la moyenne de ceux du secteur privé comparable.»

Mme Martineau apprécie cette comparaison au «secteur privé comparable», affirmant que si l'on fait cette comparaison, le secteur public affiche un retard face au secteur privé syndiqué. «Si on regarde les données de l'Institut de la statistique du Québec, le secteur privé syndiqué, comme nous, on est en retard de 10 pour cent. Elle (Mme Marois) constaterait que nos demandes à 11,25 pour cent sur trois ans ne comblent même pas l'écart immédiat de 10 pour cent», souligne Mme Martineau.

À la FTQ, le président Michel Arsenault n'en démord pas. «Je maintiens que ce qu'on demande est fort raisonnable. Vous n'êtes pas sans savoir que les travailleurs du public ont pris un retard au niveau salarial depuis plusieurs années lorsqu'on les compare aux gens du privé, lorsqu'on les compare aussi aux travailleurs des autres provinces et aux travailleurs du fédéral», a-t-il affirmé en entrevue.

À la CSN, le vice-président Louis Roy partage la même opinion et invite Mme Marois à mieux exprimer sa pensée. «Je ne sais pas pourquoi elle s'est mise à en parler aujourd'hui. Elle a certainement quelque chose à dire, puisque c'est elle-même qui a ouvert le bal là-dessus. Elle s'y connaît suffisamment en politique pour savoir qu'en disant des phrases sibyllines comme celles-là, «c'est un peu élevé», ça va susciter autour d'elle des questionnements. D'ailleurs, nous-mêmes nous croyons que nous sommes légitimes de lui demander qu'elle exprime un peu plus précisément sa pensée», a-t-il dit en entrevue.

Le SISP regroupe la Centrale des syndicats du Québec, la Fédération interprofessionnelle de la santé, le Syndicat des professionnels du gouvernement, le Syndicat de la fonction publique du Québec et l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.