Les membres de la diaspora haïtienne de Montréal ont été plongés dans l'attente mardi soir, alors que l'information sur le séisme qui venait de frapper leur pays natal était diffusée au compte-gouttes. Lorsque les premières images de la tragédie ont été diffusées, l'angoisse a cédé la place à la tristesse.

«On ne sait rien, c'est très difficile», a confié Julie Limage, technicienne à la radio haïtienne CPAM. «Je téléphone sans cesse, je recompose à chaque cinq minutes, mais je ne parviens pas à les joindre. Nous sommes tous morts d'inquiétude.»

Samuel Pierre, un chauffeur de taxi de Montréal, s'inquiétait particulièrement pour sa soeur, qui habite avec ses enfants une petite maison «pas très solide» à côté du Palais national. «Les rumeurs veulent que le Palais se soit effondré, alors je ne donne pas cher de la maison de ma soeur...»

«Demain (aujourd'hui), je vais voir de quelle façon je peux apporter mon secours. J'envoie déjà beaucoup d'aide à ma famille, là-bas. Là, ils seront encore plus dans le besoin.»

Pierre Roland Bain, l'organisateur du mois créole, s'est dit très attristé par le destin tragique qui afflige trop souvent son pays natal. «Pourquoi est-ce que tant d'incidents malheureux surviennent toujours à Haïti ?» s'est-il questionné. «Je suis triste parce que j'avais réellement l'impression que la situation politique et sociale était en train de se redresser là-bas. C'est un jour difficile pour toute la communauté haïtienne.»

«J'écoute les nouvelles et quand je vois les cartes des régions touchées, je me dis que c'est impossible que la maison familiale ait été épargnée. Pour Haïti, c'est un autre coup de massue, après l'ouragan qui a frappé les Gonaïves en 2008», a pour sa part ajouté Frantz Solon, un Montréalais d'origine haïtienne.

Ce qu'il reste à espérer, dit-il, c'est que la communauté internationale ne se détourne pas d'Haïti.

«Mais je ne suis pas aussi optimiste que dans le cas du tsunami asiatique. Voyez comme il a fallu du temps à la communauté internationale pour réagir au Rwanda. Voyez comme il a fallu du temps au gouvernement américain pour aller secourir à La Nouvelle-Orléans les victimes de l'ouragan Katrina. Comme si le temps de réaction était toujours un peu plus long quand il s'agit de Noirs.»