Alors que la tristement célèbre prison de Guantánamo atteint ses huit ans d'existence, le dernier ressortissant occidental à y être encore détenu, Omar Khadr, attend toujours d'être jugé, et ce, depuis son incarcération en octobre 2002.

Le jeune Canadien, âgé de 15 ans au moment de son arrestation, risque même de passer son 24e anniversaire de naissance toujours confiné dans sa cellule si son procès devant la commission militaire, prévu pour commencer en juillet, se prolonge.

 

L'automne dernier, Omar Khadr figurait sur la liste des 100 détenus qui devaient être transférés dans une prison de l'Illinois où les audiences de ce tribunal d'exception étaient censées avoir lieu. Depuis, le Congrès américain a refusé d'approuver l'achat de la prison, et le transfert des prisonniers ainsi que la fermeture du centre de Guantánamo, promise par le président Barack Obama, ont été reportés aux calendes grecques.

Ottawa fait la sourde oreille

Le jeune Canadien est accusé d'avoir tué un soldat américain en Afghanistan, en 2002. Depuis des années, ses avocats, toutes sortes de groupes de défense des droits ainsi que les partis de l'opposition à Ottawa réclament d'une même voix son rapatriement au Canada. Tous les autres ressortissants occidentaux ont été renvoyés dans leur pays d'origine pour être jugés ou libérés. Mais le gouvernement conservateur de Stephen Harper fait la sourde oreille à ces demandes au motif qu'il s'agit d'un criminel dangereux. Ottawa a interjeté appel de tous les jugements qui, au fil des ans, ont conclu que les droits du jeune homme avaient été bafoués et ordonné son rapatriement.

La Cour suprême a même entendu la cause en novembre, le jour même où les États-Unis ont annoncé qu'une centaine de prisonniers de Guantánamo seraient transférés en Illinois, et devrait rendre jugement dans les prochains mois.

Un des avocats d'Omar Khadr, Me Nathan Whitling, garde espoir que le gouvernement Harper changera son fusil d'épaule avant le début des audiences de la commission militaire, laquelle, selon lui, n'est pas le tribunal approprié pour juger son client.

«Nous resterons actifs d'ici au mois de juillet», a souligné Me Whitling.