Près de 11 mois après avoir envoyé des documents à Nairobi pour faire venir ses trois enfants au Canada, une réfugiée doit recommencer ses démarches. Le bureau des visas de l'ambassade canadienne au Kenya dit n'avoir reçu qu'un seul des trois dossiers demandés. Or, les renseignements au sujet des trois enfants se trouvaient dans la même enveloppe, soutient la mère de famille.

Julie Kahambwe, originaire de la République démocratique du Congo et aujourd'hui préposée aux bénéficiaires à Montréal, a fui son pays en 2005 avec ses deux cadets. Elle a laissé derrière elle deux garçons et une fille, aujourd'hui adolescents, aux soins d'une amie. La famille attend depuis d'être réunie.

 

Cependant, le traitement du dossier à Nairobi, où sont acheminées les demandes de 18 pays africains, traîne en longueur.

«Ils écrivent que je dois renvoyer les dossiers de ma fille et d'un de mes fils, raconte-t-elle. Ils n'écrivent pas ouvertement qu'ils les ont perdus, mais tout était dans la même enveloppe!»

D'après le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), environ 6000 demandes de réunification familiale sont en attente pour le Canada. Le quart de celles-ci sont en traitement au bureau de Nairobi, au Kenya.

Si la majorité des cas sont traités en moins d'un an dans les autres bureaux, celui de Nairobi met généralement deux ans ou plus à régler un dossier, a fait remarquer le Conseil dans un rapport produit en octobre.

Corriger la situation

L'avocat Julius Grey, qui représente Julie Kahambwe, a demandé par écrit à l'ambassade de Nairobi de corriger la situation. Si le dossier de sa cliente n'avance pas, il entend intenter des poursuites judiciaires.

«Les documents peuvent se perdre. Tout le monde peut perdre un document. Je ne leur en veux pas pour ça. Mais quand on a perdu quelque chose, on corrige ou on reconstruit. Dans ce cas, il y a une insensibilité totale», a-t-il déclaré à La Presse.

«C'est absolument fréquent d'entendre dire que l'ambassade demande de renvoyer les mêmes documents, ajoute pour sa part Janet Dench, directrice du CCR. Il y a très peu de recours pour les gens qui se retrouvent dans cette situation. Le plus important, c'est de réunir le plus rapidement les membres d'une famille.»

La lettre au sujet des dossiers manquants est arrivée le 7 décembre chez Julie Kahambwe. «Je me sens blessée et découragée en même temps, confie-t-elle. Quand on vous dit de recommencer des démarches si près du but, c'est le découragement total. Pour moi et pour les enfants qui sont là-bas. Ils ne comprennent pas.»

Sans commenter directement le cas de Julie Kahambwe, Melanie Carkner, porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada, a tenu à préciser que le personnel à Nairobi «fait de son mieux». «Dans n'importe quel environnement qui traite un très grand nombre de demandes, il peut y avoir des erreurs. Notre équipe là-bas essaie toujours d'apporter des améliorations aux opérations», a-t-elle affirmé.

D'après le Conseil canadien pour les réfugiés, le manque de ressources et la situation politique incertaine dans plusieurs pays d'Afrique expliquent en partie le retard que prend le bureau de Nairobi dans le traitement des dossiers.