La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) vient de perdre un de ses pionniers et de ses fondateurs. Gilles Gariépy, qui a consacré toute sa vie au journalisme, est mort dans la nuit de mercredi à hier des suites d'un cancer. Il aurait eu 68 ans en janvier.

Après avoir fait du journalisme étudiant au Collège Saint-Viateur d'Outremont, M. Gariépy a commencé sa carrière professionnelle à La Presse au début des années 60. Il a par la suite travaillé au quotidien Le Devoir, à la revue Maclean's avant de passer à la télé et à la radio de Radio-Canada.

 

«Nous nous intéressions pas mal aux mêmes choses, dont le journalisme», se remémore un de ses plus vieux collègues et amis, le journaliste économique Claude Beauchamp, qui l'a côtoyé au collège. «Il possédait un sens de l'observation assez remarquable et un grand esprit d'analyse. Il analysait tout et il avait toujours peur de ne pas avoir tout compris. C'était un perfectionniste.»

À la fin des années 60, MM. Gariépy, Beauchamp et quelques autres réfléchissaient beaucoup aux questions professionnelles entourant le métier de journaliste: la liberté de la presse, la propriété de l'information, etc. Ce travail se faisait en parallèle à la volonté exprimée dans la société de créer un conseil de presse. Les journalistes trouvaient essentiel d'être une composante du conseil.

«Nous avons formé une mission itinérante qui a parcouru tout le Québec pour recueillir des commentaires afin de créer un regroupement de journalistes», se souvient Florian Sauvageau, aujourd'hui professeur de journalisme à l'Université Laval. «C'est Gilles qui pilotait ça. Il fut le père fondateur de la FPJQ contre vents et marées. Je le trouvais assez extraordinaire.»

La FPJQ est née en 1969. Gilles Gariépy en fut le premier président, durant deux ans, suivi de M. Beauchamp. «La Fédération s'est formée dans le contexte des grandes manifestations des années 60. À ce moment-là, les policiers s'introduisaient dans les salles de rédaction pour saisir du matériel. Ils avaient le projet de distribuer des cartes de presse pour désigner quels journalistes allaient couvrir ces événements. M. Gariépy et d'autres ont dit que c'était assez. Ils ont créé la FPJQ, qui, en peu de temps, est passée de quelques dizaines à des centaines de membres», témoigne l'actuel président de l'organisme, Brian Myles.

À La Presse, M. Gariépy était spécialisé dans le domaine de l'éducation. Il a révélé en primeur des pans importants du rapport Parent sur l'éducation.

Il y a à peine trois semaines, lors de son congrès annuel, la FPJQ avait rendu hommage à son président-fondateur en lui remettant un prix Judith-Jasmin. À cette occasion, une vidéo (www.dailymotion.com/video/xb6c09_hommage-a-gilles-gariepy_webcam) retraçant les grands moments de sa carrière avait été projetée.

À l'occasion de sa toute dernière entrevue, le 11 novembre 2008, M. Gariépy faisait cette réflexion: «Nous n'avons plus comme profession, le monopole de la communication sociale, le monopole de l'information. Il faut apprendre à composer avec des éléments nouveaux. Cela va certainement remettre en question un certain nombre de nos certitudes.»