Pour mettre fin à l'itinérance, cela prend plus que des pansements ici et là: il faut une politique globale qui s'attaque au problème sous toutes ses coutures, soutient André Trépanier, coordonnateur du Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ).

Le Réseau réitère ses demandes pour la création d'un plan tout azimut de lutte contre l'itinérance à un moment charnière: peu avant la fin de la session parlementaire et avant le dépôt du plan d'action spécifique en itinérance et exclusion sociale promis par la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault.

Ce rapport doit être déposé avant l'arrivée des grands froids, une période particulièrement difficile pour ceux qui vivent dans la rue.

Le Réseau a tenu un point de presse, dimanche, pour s'assurer que ses demandes soient entendues.

Selon André Trépanier, itinérance rime avec problèmes sociaux multiples et complexes. Une personne qui vit dans la rue peut se battre contre de nombreux problèmes, comme la maladie mentale et la toxicomanie. En plus de vivre des difficultés pour se trouver un logement abordable et avoir accès aux services de santé et d'éducation.

M. Trépanier estime, pour ces raisons, que des mesures ponctuelles qui touchent à certains aspects seulement de l'itinérance ne sont pas suffisantes, ni réellement efficaces.

Il souhaite un engagement de Québec à long terme, un engagement qui survivrait aux changements de gouvernements. Il souligne que ce plan d'action devrait être assorti d'une enveloppe budgétaire pour mener ses réalisations à bien.

Le Réseau s'inquiète du contenu et de l'approche de ce plan, déplorant que le gouvernement réfère, dans le rapport de la Commission parlementaire sur l'itinérance rendu public le 4 novembre dernier, le volet d'amélioration du revenu des personnes à un autre plan, celui de la lutte contre la pauvreté, alors que l'organisme souhaite que le plan d'action contre l'itinérance soit complet en soi, même s'il reconnaît le lien entre itinérance et pauvreté.

Les inquiétudes découlent aussi du silence relatif de la ministre Thériault quant aux actions qui seront entreprises. De plus, Québec vient de couper les vivres à un programme important pour les toxicomanes, qui touche les itinérants: la deuxième phase du projet Naomi, qui prévoit l'injection supervisée d'héroïne à des toxicomane endurcis.

Parmi les solutions qu'André Trépanier aimerait voir dans le plan d'action, il y a les logements avec support communautaire. Une avenue qui devrait être plus utilisée au Québec pour sortir les gens de l'itinérance selon lui. Un plan de transition entre les centres jeunesses et la vie adulte devrait aussi exister pour que les jeunes en difficulté ne se retrouvent pas à la rue.

Depuis 1998, le RSIQ regroupe une douzaine de concertations régionales en itinérance, et représente plus de 200 organismes au Québec.