Depuis quelques années, les Forces canadiennes recrutent de nombreux nouveaux membres... parmi d'anciens soldats.

De 2000 à août 2009, quelque 3850 anciens soldats ont décidé de reprendre du service, un chiffre qui impressionne même le chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Walter Natynczyk, selon des informations obtenues par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Plus intéressant encore, le phénomène prend de l'ampleur depuis trois ans. S'ils étaient 409 à vouloir remettre leurs bottes de soldats en 2006, ils étaient encore plus nombreux en 2007 (516) et en 2008 (664) à demander à reprendre du service.

«Nous voyons de plus en plus d'anciens membres des Forces canadiennes revenir. Ils apprécient les investissements qui ont été faits au cours des dernières années. Il y a une nouvelle fierté envers le travail que font les soldats canadiens en Afghanistan», a confié le grand patron des Forces canadiennes, Walter Natynczyk, dans un entretien avec La Presse durant la dernière visite de Stephen Harper en Afghanistan, en mai.

Depuis cinq ans, le gouvernement fédéral a investi des milliards de dollars afin de fournir de nouveaux équipements aux Forces canadiennes, mettant ainsi fin à des années de vaches maigres pour les soldats. La mission des soldats canadiens en Afghanistan, qui dure depuis 2002, a provoqué un nouvel intérêt pour la vie militaire.

Âgé de 48 ans, le major Richard Gratton est l'un de ces nombreux soldats à avoir quitté les Forces canadiennes pendant quelques années pour ensuite cogner de nouveau à la porte. Le militaire a fait ses débuts dans la réserve des Forces canadiennes en 1981 et il a quitté son poste quatre ans plus tard.

Mais en 1997, il a décidé de revenir. «L'armée a été bonne pour moi quand j'étais étudiant et que j'étais jeune. Cela m'a donné un emploi à temps partiel. J'ai appris des choses intéressantes. Maintenant que je suis plus stable dans ma carrière et que j'ai atteint certains objectifs, je suis retourné à temps partiel en 1997. Je veux redonner à l'armée ce qu'elle m'a donné», a dit le major Gratton.

Employé par de grandes sociétés comme Kraft et L'Oréal de 1985 à 1997, à Montréal et à Toronto, le major Gratton travaille aujourd'hui au quartier général du 34e Groupe-brigade du Canada, à la base de Longue-Pointe, à Montréal.

«Je travaille maintenant à temps plein. Je ne suis pas régulier, mais je suis encore réserviste à contrat pour une année», a-t-il affirmé. Il agit présentement en tant qu'officier inter-agence, c'est-à-dire qu'il assure le lien entre l'armée et les diverses agences gouvernementales qui sollicitent le soutien des forces armées, mais il est formé comme officier d'artillerie.

L'engagement du major Gratton envers les Forces canadiennes est tel qu'il a même donné son nom pour servir six mois en Afghanistan.

«Je suis dans le boulier pour la rotation de l'an prochain. Je ferais partie de l'équipe de reconstruction provinciale», a dit le major Gratton, qui est marié et père de trois enfants, âgés de 20 ans, 16 ans et 5 ans.

«Mon épouse a des craintes et des réticences face à mon départ en Afghanistan. C'est une décision de couple. Mais à l'âge que j'ai, c'est une belle occasion de faire ma contribution», a dit le major Gratton, qui n'a pas encore fait une mission à l'étranger.

- Avec William Leclerc