Cinq organismes ont uni leurs voix, hier, pour dénoncer le recrutement militaire dans les institutions scolaires québécoises, une pratique qu'ils jugent «fort préoccupante».

Selon la nouvelle Coalition contre le recrutement militaire dans les établissements d'enseignement du Québec, les Forces canadiennes tentent actuellement d'augmenter leur effectif de près de 20% en cinq ans. «Pour ce faire, les recruteurs tiennent des stands dans les écoles secondaires, les cégeps et les universités. C'est très préoccupant de constater que l'armée recrute des jeunes qui n'ont pas encore atteint l'âge de la majorité», ont déclaré les représentants de la Coalition.«On va essayer de recruter des jeunes de 12-13 ans. Éthiquement, c'est ordinaire», commente le porte-parole de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Mario Beauchemin.

Quand les Forces canadiennes veulent se rendre dans un établissement scolaire, seul l'appui de la direction est demandé, selon M. Beauchemin. «Le conseil d'établissement n'a pas son mot à dire.»

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) rappelle que 35% des réservistes des Forces canadiennes sont aussi des étudiants. «C'est douteux de vouloir faire augmenter cette proportion», dit le président de la FECQ, Xavier Lefebvre-Boucher.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) s'inquiète pour sa part du fait que le recrutement soit plus intense dans les milieux défavorisés. «On offre aux étudiants de payer leur scolarité et de leur payer un salaire pouvant aller jusqu'à 18 000$ par année. Pour plusieurs étudiants peu fortunés, ça peut être assez intéressant, dit la secrétaire aux communications de l'ASSÉ, Anne-Marie Provost. Les étudiants ne doivent pas se sentir obligés d'aller dans l'armée pour pouvoir étudier.»

La vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Micheline Thibodeau, déplore que les Forces canadiennes tentent de recruter des jeunes alors que l'appui à la mission canadienne en Afghanistan est très faible. «Il est totalement inapproprié de permettre que nos établissements d'enseignement soient exploités par l'Armée canadienne pour faire la promotion de l'engagement dans un tel conflit», dit-elle.

La nouvelle coalition organisera «une campagne d'opposition au recrutement que mène actuellement l'Armée canadienne, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale».