Enregistré à son insu, le conseiller politique du président de la FTQ, Gilles Audette, a demandé hier à la Cour supérieure de prononcer une injonction pour empêcher que ses propos soient diffusés à l'émission Enquête de Radio-Canada, jeudi soir prochain.

Cette émission doit traiter du favoritisme à la FTQ ainsi que du rôle que le crime organisé aurait joué dans les élections à la FTQ-Construction, en novembre dernier. Des conversations que M. Audette a eues avec Ken Pereira, directeur de l'Association des mécaniciens industriels 1981 (affilié à la FTQ), doivent être diffusées au cours de l'émission. M. Audette reconnaît avoir parlé à M. Pereira à plusieurs reprises entre septembre 2008 et mai 2009, en personne ou par téléphone. Selon M. Audette, Pereira voulait qu'il intercède pour l'aider personnellement et aider aussi le syndicat des mécaniciens industriels. Cela se faisait en toute confidentialité, selon M. Audette, car il ne voulait absolument pas être enregistré. M. Audette dit d'ailleurs avoir demandé à plusieurs reprises à Pereira s'il enregistrait les conversations. Ce dernier aurait assuré que non, allant même jusqu'à enlever la pile de son téléphone portable pour le démontrer.

Or, M. Pereira aurait tout enregistré, si bien que M. Audette estime avoir été piégé. Il a appris l'existence des enregistrements lorsque Alain Gravel, journaliste et animateur de l'émission Enquête, lui a téléphoné le 14 septembre dernier pour l'en informer et lui donner la chance de réagir. M. Audette a réagi en demandant une injonction pour avoir les enregistrements et empêcher leur diffusion.

L'avocat de M. Audette, André Ryan, est d'avis qu'il y a eu violation de la vie privée. Pour l'avocat de Radio-Canada, Barry Landy, ne pas permettre cette diffusion serait une atteinte à la liberté de presse. De par ses fonctions, M. Audette est un personnage public. Les conversations ont trait à ses fonctions, et non à sa vie privée. «On n'a pas photographié sa maison ou ses enfants», a fait valoir Me Landy. À cela, Me Ryan rétorque que Radio-Canada peut parler des conversations en litige mais non les diffuser. Selon lui, cette façon de faire respecte la liberté de presse. Le juge Paul Chaput a mis la chose en délibéré et rendra sa décision demain matin.