Avec près de trois mois de retard, une mère de famille torontoise retenue au Kenya parce qu'on doutait de son identité pourra enfin rentrer au pays samedi.

Suaad Hagi Mohamud, 31 ans, s'est envolée de Nairobi vendredi.

Son avocat au Kenya a fait savoir que la Canadienne d'origine somalienne allait poursuivre le Canada, le Kenya et la compagnie aérienne hollandaise KLM, et un expert reconnaît qu'elle a une très bonne cause.

La femme était incapable de quitter le Kenya parce que les autorités du pays soutenaient que ses lèvres ne correspondaient pas à celles sur la photo de son passeport, vieille de quatre ans. Des agents du Consulat canadien, qui l'ont qualifiée «d'imposteur», avaient annulé son passeport et remis la femme aux autorités kényanes.

D'autres preuves d'identification et ses empreintes digitales avaient également été fournies, mais la situation a stagné jusqu'à ce qu'un test ADN - défrayé par le gouvernement du Canada - ne confirme son identité lundi.

Mme Mohamud a dit se sentir «vraiment bien».

«C'était un peu angoissant au début, mais je suis contente que ce soit fini», a-t-elle dit juste avant son départ.

Mme Mohamud a de bons arguments pour une poursuite civile contre le Canada, soutient le constitutionnaliste Paul Cavalluzzo, parce que le droit international oblige à venir en aide aux citoyens en détresse dans un pays étranger.

«La conduite du gouvernement canadien a été honteuse», affirme M. Cavalluzzo, qui était premier conseiller de la commission qui a enquêté sur l'attitude du gouvernement dans l'affaire Maher Arar.

Ce dernier a reçu 10 millions $ en dommages après que la commission ait conclu qu'il avait été emprisonné à tort et torturé pendant près d'un an en Syrie, et que des responsables canadiens avaient été responsables de ses malheurs.

Après des semaines de silence, le premier ministre Stephen Harper a déclaré jeudi que son gouvernement a demandé un «rapport complet» sur la façon dont l'Agence des services frontaliers du Canada a manoeuvré dans cette affaire.

Vendredi, M. Harper a souligné que la prolifération des menaces qui pèsent sur la planète rendait les cas semblables de plus en plus difficiles.

«Le ministère des Affaires étrangères fait ce qu'il peut pour aider, mais nous avisons toujours les gens d'être prudents quand ils voyagent. Le gouvernement du Canada ne contrôle pas ce qui se passe dans les autres pays.»

Le chef de l'opposition, Michael Ignatieff, a critiqué le comportement du Canada dans cette affaire.

«Détenir un passeport canadien doit vouloir dire que vous aurez droit à la protection du gouvernement - peu importe où, peu importe quand», a-t-il dit par voie de communiqué.

«Au contraire, le gouvernement Harper a remis le passeport de Suaad Mohamud aux autorités kényanes pour aider la poursuite. Elle n'est que la dernière Canadienne laissée en difficulté à l'étranger par un gouvernement qui choisit quels citoyens il veut respecter.»