À l'oratoire Saint-Joseph, c'est l'attente. D'ici quelques semaines, quelques mois tout au plus, on espère une réponse du Vatican, une réponse capitale dans l'avancement de la cause de la canonisation du frère André.

Au coeur du dossier à l'étude : une guérison jugée miraculeuse par l'Oratoire et survenue après 1982. Le détail est important : pour qu'une personne soit canonisée, et donc déclarée sainte, au moins un miracle doit pouvoir lui être attribué après sa béatification. Un premier cas de guérison, survenu celui-là en 1956, avait pavé la voie à la béatification du frère André en 1982.

Le dossier fait déjà des milliers de pages, quantité d'avis médicaux ont été sollicités et un avocat, en Italie, travaille là-dessus depuis plus de 10 ans.

Plus tôt cette année, sans qu'ils ne diffusent trop la nouvelle, les religieux de la congrégation de Sainte-Croix, à laquelle appartenait le frère André, ont franchi une étape importante.

Le 26 février dernier, la commission médicale romaine du Vatican a conclu en effet qu'une guérison portée à son attention était «scientifiquement inexplicable, l'expression magique qu'espéraient tant les religieux de Sainte-Croix. «Si nous n'avions pas eu de réponse favorable, tout le processus s'arrêtait là», explique le père Claude Grou, recteur de l'Oratoire.

Les religieux de Sainte-Croix sont assez discrets sur la guérison qu'ils tentent de faire reconnaître comme miraculeuse par le Vatican. La personne guérie est québécoise, mais on n'en saura pas plus, «par respect pour les personnes concernées», précise le père Grou, qui n'a pas révélé non plus combien la cause du frère André a pu coûter en frais juridiques et autres jusqu'ici.

D'un point de vue médical, le père Grou souligne que les professionnels appelés à titre de témoins jusqu'ici ne se sont pas fait tirer l'oreille. «On n'a pas demandé aux médecins de nous dire s'ils pensaient qu'il s'agissait d'un miracle, dit-il. Il s'agissait simplement pour eux de nous dire si la guérison pouvait être expliquée scientifiquement ou non.»

Maintenant que les médecins appelés en tant que témoins ont établi que la guérison ne pouvait s'expliquer scientifiquement, il reste à prouver que la guérison est consécutive à l'intercession du frère André, ce sur quoi une commission théologique se penche actuellement au Vatican. Si la réponse était de nouveau favorable, une autre commission, composée celle-là d'archevêques et de cardinaux, serait appelée à déterminer s'il serait pertinent d'étendre la dévotion au frère André à l'Église universelle. En bout de piste, la décision doit être approuvée par le pape lui-même.

Si le frère André était canonisé, et donc déclaré saint, «cela ferait en sorte qu'il serait reconnu non seulement par l'Église locale, mais par toute l'Église», note le père Grou.

Une démarche appréciée

À l'Oratoire, aux abords du tombeau du frère André, se trouvent des cahiers invitant les visiteurs à apposer leur signature. Bon nombre de personnes le font - des gens du Québec, d'ailleurs au Canada, des États-Unis, du Mexique et d'un peu partout dans le monde, sans bien réaliser que ce faisant, ils signent un registre qui demande expressément la canonisation du frère André, comme c'est écrit en haut du document.

À l'évidence, peu de pèlerins sont au courant des démarches en cours de l'Oratoire. Une fois informés de la chose, ils n'en espèrent pas moins un dénouement positif.

Henri Sansouci est de ceux-là. «Normal: je suis parent avec le frère André! lance-t-il. Ma grand-mère, Aglaé Bessette, était l'arrière-cousine du frère André et je suis très content qu'il fasse partie de ma parenté!»

Alice Brien Henri, elle, n'attend pas le Vatican pour canoniser le frère André. «Pour moi, le frère André, c'est déjà un saint!»

«Quand Lucien Bouchard a contracté la bactérie mangeuse de chair, j'ai invoqué le frère André et saint Joseph, et il a été guéri. Le frère André, je lui fais bien confiance», lance pour sa part Agathe Bélanger.

«Le frère André, c'est un de mes favoris, confie Marie Guimond, originaire du Nouveau-Brunswick. Quand on pense que cette personne si humble a pu faire un oratoire si grandiose! Il mériterait certainement d'être canonisé, mais que cela se fasse ou pas, je continuerai de le prier.»

Janet Oko, de Burlington, en Ontario, voit bien toutes ces béquilles exposées un peu partout dans l'Oratoire, mais faut-il s'y fier les yeux fermés? «Les télé-évangélistes à la télévision aussi prétendent guérir tout le monde... Eux, je ne crois pas du tout à leur histoire. Pour le frère André, oui... j'aurais tendance à croire que c'est vrai.»

Sur le site internet de l'Oratoire, qui donne des renseignements généraux et fait la promotion de la canonisation du frère André, on raconte que le frère, de son vivant, invitait les gens de façon générale à consulter les médecins.

Il niait toujours fermement avoir personnellement quelque don naturel de guérisseur et suggérait plutôt aux gens de s'en remettre à saint Joseph, de faire une neuvaine, de se frictionner avec de l'huile ou une médaille de saint Joseph, «autant d'actes d'amour et de foi, de confiance et d'humilité».