Presque deux mois après le dépôt d'un rapport l'invitant à revoir le tracé de son projet de 390 millions, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) n'a toujours pas de solutions sécuritaires pour faire passer le «Train de l'Est» à proximité d'une usine d'explosifs de la société General Dynamics, à Repentigny, dans la banlieue est de Montréal.

L'impasse persistante dans le développement du projet de 52 kilomètres, qui devait être en service d'ici la fin de 2010, a incité hier plusieurs groupes de la région de L'Assomption, dans le sud de Lanaudière, à réclamer la mise en service rapide de ce train de banlieue, entre Montréal, Repentigny et L'Assomption, en attendant le développement d'une solution satisfaisante et sécuritaire pour desservir les municipalités de Mascouche et de Terrebonne.

 

Deux groupes de résidants de cette localité de banlieue, située à l'est de Montréal, appuyés par un syndicat local de l'Union des producteurs agricoles ainsi que par Conseil régional de l'environnement de Lanaudière (CREL) ont demandé à l'AMT de rétablir les projets originaux, qui prévoyaient deux trains de banlieue distincts pour desservir l'est et le nord-est de la métropole, via le chemin de fer du CN entre la MRC L'Assomption et le centre-ville, et les voies ferrées du CP, passant par Mascouche, Terrebonne et Laval.

Le président du groupe Accès-L'Assomption, Ronald Gadbois, a déclaré hier que cette localité, qui a été exclue du projet de l'AMT, il y a trois ans, attend le nouveau train de banlieue «depuis 1976», et que les infrastructures nécessaires à la réalisation du projet pourraient être aménagées en peu de temps, «si l'AMT a la volonté politique de le faire».

Pour sa part, lors d'un court entretien avec La Presse, hier, le directeur général du CREL, Gilles Côté, a déclaré qu'il ne comprenait pas «l'obstination de l'AMT» à vouloir réaliser son Train de l'Est en construisant 12 kilomètres de nouvelles voies ferrées, «alors que des emprises ferroviaires existent déjà pour desservir les régions de Mascouche et de L'Assomption», par ces lignes du CN et du CP.

Un projet coûteux

Le Train de l'Est est le plus long et le plus coûteux projet de train de banlieue de l'histoire de l'AMT. Annoncé en grandes pompes, en 2006, par le premier ministre Jean Charest, ce projet relierait les municipalités de Mascouche, Terrebonne, Charlemagne et Repentigny, en banlieue nord-est de la métropole.

Le tracé prévoit la construction de 12 kilomètres de voies ferrées reliant les gares de Mascouche et Repentigny, au milieu de l'emprise de l'autoroute 640. À hauteur de Le Gardeur, l'ancienne ville fusionnée à Repentigny, le train quitterait l'A-640 et longerait les installations de General Dynamics sur une distance d'environ un kilomètre.

Or, en décembre dernier, General Dynamics a été informée par le ministère des Ressources Naturelles du Canada, responsable de la Loi fédérale sur les explosifs, que la présence du Train de l'Est sur ses terrains entraînerait d'importantes modifications à ces conditions d'exploitation.

Un mois plus tard, en janvier 2009, lors des consultations menées par le Bureau d'audiences publiques sur l'Environnement (BAPE), General Dynamics estimait que la mise en vigueur des nouveaux critères fédéraux «pourrait affecter 35% d'une production dépassant les 400 millions par année». Environ 300 emplois pourraient être directement menacés, à Repentigny, et dans les trois autres usines de General Dynamics, au Québec.

Dans un rapport rendu public au début de mai, le BAPE a recommandé à l'AMT de revoir le projet entre Mascouche et Repentigny, en affirmant que cette partie du tracé n'était «pas optimale».

Depuis, a déclaré hier une porte-parole de l'agence provinciale, Martine Rouette, l'AMT et les dirigeants de General Dynamics ont eu plusieurs rencontres de travail avec les responsables du dossier à Ressources naturelles du Canada, pour trouver un scénario de remplacement.

Mme Rouette a assuré hier que plusieurs «consensus» sont intervenus, au cours des derniers mois sans toutefois fournir plus de détails quant à la nature ou la portée de ces «consensus».

Dans un courriel adressé à La Presse, Ressources naturelles Canada, responsable de l'application de la Loi fédérale sur les explosifs, a pour sa part indiqué «qu'il n'y a pas de nouvelles au sujet d'une décision possible sur l'AMT et la société General Dynamics. Nous continuons à discuter avec l'AMT et General Dynamics».