En poste depuis un an, le chef de la Sûreté du Québec, Richard Deschesnes, a entrepris une réforme des structures de son organisation pour «avoir plus de monde sur le terrain et moins dans les bureaux». En entrevue exclusive à La Presse, le directeur général de la SQ a souhaité «une ligne de commandement plus directe, plus rapide».

Le policier de 49 ans détient une maîtrise en administration des affaires. Son but est de diminuer le nombre de paliers de gestion pour mettre plus de policiers sur le terrain. Déjà, la semaine dernière, un membre de la direction a rencontré les officiers du corps policier pour leur présenter cette nouvelle structure. Ainsi, les enquêtes seront divisées en cinq créneaux: intégrité de la personne, renseignements criminels, enquêtes régionales, intégrité financière et crime organisé.

 

Des enquêteurs seront déplacés des grands centres vers certaines régions, a expliqué le chef de police, qui est réputé pour être branché sur les régions. «Les cinq créneaux vont nous permettre d'être plus performants, d'avoir une meilleure coordination, un meilleur échange de renseignements et, lorsque nécessaire, de créer des task forces», a indiqué M. Deschesnes (voir autre texte).

Autre exemple: la quarantaine de policiers chargés de recueillir des renseignements dans la section de la lutte contre le terrorisme travailleront désormais aux côtés des enquêteurs des crimes contre la personne dans le créneau «intégrité de la personne». Cette décision a été mal reçue par certains policiers, qui privilégient le mode renseignement au mode enquête pour lutter contre le terrorisme, selon nos informations. Le chef de police en est conscient. Il est convaincu que ses troupes comprendront le bien-fondé de la réforme lorsqu'elles auront toutes les informations en main.

Un printemps faste

La SQ a connu un printemps 2009 aussi rempli, sinon plus, qu'en 2001, lorsqu'elle a réalisé avec les autres corps policiers de la province sa première rafle d'envergure contre les motards. Dans les trois derniers mois, la SQ et ses partenaires ont réalisé 331 perquisitions et 343 arrestations visant le crime organisé. L'opération SharQc, notamment, a permis d'inculper 156 personnes, dont 111 membres actifs ou retraités des Hells Angels.

Depuis Printemps 2001, la SQ a «évolué», selon son chef. «La présence des procureurs au dossier dès le début nous aide à recueillir une meilleure preuve. Si tu veux vraiment affaiblir le crime organisé, il faut que tu travailles sur les produits de la criminalité, donc des saisies d'actifs», souligne celui qui dirige 5345 policiers. Avec l'opération SharQc, la police a saisi quelque 2 millions en espèces. Cinq blocages des propriétés du Hells Angel Marvin «Casper» Ouimet - d'une valeur de 10 millions - ont aussi été réalisés.

«On veut mettre une pression constante sur le crime organisé», ajoute M. Deschesnes. Cet été, les enquêteurs vont rester aux aguets. «Les criminels ont une facilité à développer leur relève», indique-t-il.

Parlant de relève, alors que la police de Montréal est en mode compressions, la SQ compte embaucher quelque 200 policiers cette année. La SQ dessert 1038 des 1115 municipalités du Québec. Son chef est d'ailleurs en pleine tournée provinciale pour rencontrer les dirigeants des différentes MRC. Ces dernières années, de petites municipalités ont critiqué le manque de présence de la SQ sur leur territoire ainsi que les coûts de son service. «Depuis le dernier contrat de travail en 2005, 62 nouveaux contrats avec des MRC ont été signés. On a beaucoup amélioré notre desserte. On a encore des choses à améliorer, bien sûr, de concert avec les élus, mais on travaille fort là-dessus», a souligné le chef, qui est originaire de Chicoutimi.

La SQ a aussi été chargée cette année de faire enquête sur les deux policiers de Montréal mêlés à la mort de Fredy Villanueva à Montréal-Nord. À l'ouverture de l'enquête publique du coroner (suspendue depuis), on a appris que ces deux policiers n'avaient jamais été interrogés par la SQ. L'enquêteur de la SQ a reçu des rapports écrits des policiers de Montréal deux semaines après l'événement. «L'enquête du coroner ayant arrêté, on n'a pas eu la chance de voir la suite des événements qui viendra fournir des explications», a dit M. Deschesnes, qui souhaite la reprise de l'enquête du coroner.

«L'indice le plus important de satisfaction, pour moi, c'est la confiance de la population envers la Sûreté. C'est important pour nous autres, que ce soit lorsqu'on mène des enquêtes indépendantes (sur un autre corps de police), des enquêtes sur le crime organisé ou sur l'intégrité financière des institutions», a conclu le grand patron de la SQ.