Exposés depuis 35 ans à Chicoutimi, les ossements de «l'homme-cheval» doivent être rapatriés dans Charlevoix à l'automne. Reste à savoir dans quel cimetière...

Ils avaient promis le printemps 2009. Mais ce ne sera pas avant l'automne.Joint cette semaine à Chicoutimi, le directeur du Musée de la Pulperie, Jacques Fortin, a confirmé à La Presse que les ossements d'Alexis Lapointe, dit «le Trotteur», seraient rendus à la région de Charlevoix mais que ce ne serait «pas avant septembre ou octobre».

«C'est notre intention. Une maison funéraire va s'occuper du corps et on va s'assurer qu'il soit mis en terre dès son arrivée dans Charlevoix», a affirmé M. Fortin.

En principe, les ossements de celui qu'on surnommait «l'homme-cheval» (voir autre texte) doivent être rapatriés par la ville de Clermont, où Alexis le Trotteur a passé la première partie de sa vie.

Il y a maintenant deux ans que la petite municipalité demande à ravoir le squelette, exposé depuis 35 ans au Musée de la Pulperie. Son retour coïnciderait avec le 75e anniversaire de Clermont, qui en profiterait pour se faire un peu de capital touristique. La ville compte d'ailleurs nommer un parc et ériger une statue à la mémoire du mythique personnage.

«On trouvait que c'était un beau cadeau à nous faire. Le moment est propice», admet le maire de Clermont, Jean-Pierre Gagnon, en se défendant toutefois de vouloir faire un spectacle autour de cette histoire. «Il faut que ça se passe dans le respect.»

Plus logique à La Malbaie

Clermont était-il le meilleur choix? Sur ce point, les avis divergent.

Certains croient en effet qu'Alexis Lapointe devrait plutôt reposer au vieux cimetière de La Malbaie, où il avait été inhumé en 1924, à l'époque où la paroisse de Clermont était encore rattachée à ville de La Malbaie.

C'est le cas de Réjean Godin, marguillier à la paroisse Saint-Étienne, qui compte faire des démarches en ce sens. «C'est là qu'il a été enterré, c'est là qu'il doit revenir, explique M. Godin. Je sais qu'il y a 245 lots qui n'ont plus de propriétaire dans le cimetière. Il y a assez de place pour l'accueillir.»

L'affaire est encore loin d'une chicane de clochers. Mais, selon le diacre de Saint-Étienne de La Malbaie, Gaston Fortier, il est clair que la paroisse y voit aussi un certain potentiel touristique. «Notre cimetière aura bientôt un statut historique. C'est pour cette raison qu'on veut faire des efforts pour le ravoir», affirme M. Fortier.

«Techniquement, ce serait plus simple à Clermont, ajoute de son côté Serge Gauthier, président de la Société d'histoire de Charlevoix. Mais d'un point de vue historique, ce serait quand même plus logique à La Malbaie... Alors pour l'instant, c'est une option que nous privilégions.»

Selon M. Gauthier, il serait toutefois surprenant que la Ville de La Malbaie se joigne à cette croisade. Impression confirmée auprès du maire Jean-Luc Simard, qui ne veut pas prendre position: «C'est une question qui devrait plutôt être posée aux descendants de M. Lapointe. La décision leur revient.»

Le problème, c'est qu'Alexis le Trotteur n'a jamais eu d'héritiers. Ses descendants les plus directs vivraient actuellement à Clermont. Mais M. Gauthier précise: «Cette affaire ne les intéresse pas du tout.»

Une attraction

L'histoire est à suivre. Mais une chose est certaine: le squelette de «l'homme-cheval», même remis en terre, continuera d'être une attraction.

Le Musée de la Pulperie perd, à cet égard, un de ses plus célèbres pensionnaires. Il a un temps été question de faire un moulage du squelette. Mais à bien y penser, la direction a choisi d'écarter cette option.

«Qu'est-ce que ça donnerait de plus d'avoir des ossements d'Alexis en plastique? demande Jacques Fortin. On a d'autres objets aussi intéressants qui lui sont reliés. Des photos, des articles qui lui appartenaient. On va essayer de mettre l'accent là-dessus.»