La sonde de vitesse suspectée d'être à l'origine de l'accident du vol AF447 n'est utilisée sur aucun A330 au Canada, ont assuré hier les deux gros transporteurs au pays.

Chez Air Transat, on affirme avoir rapidement réagi dès les premières directives du constructeur, en 2001.

«Airbus avait suggéré aux compagnies aériennes de modifier les sondes, ce n'était pas obligatoire, mais nous l'avons tout de même fait», précise Pierre Tessier, porte-parole. Air Transat compte aujourd'hui quatre Airbus 330 équipés de sondes nouvelle génération.

 

Du côté d'Air Canada, la porte-parole Isabelle Arthur précise que la flotte est composée de huit A330-300, un modèle différent du A330-200 qui s'est abîmé au large du Brésil.

Les sondes qui équipent ces avions d'Air Canada sont également de facture différente et ont été fabriquées par la firme américaine Rosemount Aerospace, et non par Thales, comme celles qui équipaient le vol AF447.

Au coeur de la controverse qui fait rage depuis une semaine, on retrouve les sondes de vitesse du géant de l'aéronautique Thales, qui compte 68 000 employés dans une cinquantaine de pays.Ces sondes en forme de tubes assemblés en L, appelées «sondes Pitot» ou anémométriques, se trouvent à l'avant des avions et ont déjà été associées à deux catastrophes aériennes, celles des vols 301 Bergenair en 1996 et 2553 Austral Lineas Aereas en 1997.

Données erronnées

Le scénario suspecté est sensiblement toujours le même: ces capteurs auraient tendance à se boucher, soit à cause du givre ou même à cause d'un nid d'insectes, comme on l'a rapporté pour le vol 301 Bergenair.

L'indication de vitesse que le pilote consulte est alors totalement erronée, avec des conséquences potentiellement désastreuses. Si l'avion va trop lentement, il «décroche» et tombe. S'il va trop vite, son fuselage est déformé et peut, dans les cas les plus extrêmes, se désintégrer. On reproche à Air France d'avoir ignoré les premières indications, dès 2001, du manque de fiabilité de ces sondes.

Une note interne d'Air France datant de novembre 2008 signalait «un nombre significatif d'incidents» liés à des mesures de vitesse erronées. Vendredi dernier, l'organisme chargé de l'enquête sur la tragédie du vol AF 447 a fait état d'une «incohérence des vitesses mesurées» par les sondes de l'avion.

Enfin, samedi dernier, un communiqué d'Air France reconnaissait avoir observé depuis mai 2008 «des incidents de pertes d'informations anémométriques (qui mesurent la vitesse du vent) en vol en croisière sur A340 et A330».

Il n'y a pas de «lien établi» entre les sondes et l'accident du vol AF447, a précisé un porte-parole d'Air France. L'entreprise, de même que quelques grands transporteurs dont Swiss et US Airways, ont tout de même annoncé leur décision de remplacer sans délai les sondes de vitesse équipant leur Airbus 330 et 340.

Les nouvelles générations de sondes sont spécifiquement conçues pour ne plus se boucher aussi facilement.