C'est avant tout un sport et un moyen de transport, mais les motivations pour faire du vélo sont multiples. Que ce soit pour respecter l'environnement, pour améliorer l'urbanisme de sa ville, pour créer des liens d'affaires et même pour gagner sa vie... à titre de déménageur!

Déménageur à vélo

Quant ils lui ouvrent la porte, les clients du déménageur Julien Myette regardent par-dessus son épaule. Il cherchent du regard un camion, mais ils voient plutôt un vélo.

 

En annonçant un tarif horaire de 20$, le jeune entrepreneur reçoit beaucoup d'appels. Il ne dit pas aux gens qu'il se déplace à deux roues. «Au début je le disais, mais les gens ne pouvaient pas le concevoir, raconte-t-il. Mais je pose des questions pour voir si je peux faire le travail. Je commence à avoir le tour.»

L'homme de 32 ans et son équipe ne peuvent déménager les meubles d'un six et demi de Longueuil à Brossard. Transport Myette se spécialise plutôt dans le «micro-déménagement écologique et économique».

«Les quatre électros, c'est le déménagement typique qu'on fait, explique Julien Myette. Mais on peut faire jusqu'à un trois et demi... Ça dépend de la distance.»

Julien Myette a acheté trois grandes remorques plateformes, avec une capacité allant jusqu'à 600 livres (voir les photos au www.myette.net). Il peut notamment transporter des déchets de construction vers un écocentre.

Et les affaires, comment vont-elles?

«Il y a de quoi gagner sa vie avec ça!» répond Julien Myette.

Une revendication urbano-sociale

Pierre-Luc Auclair alimente depuis deux ans le blogue www.velourbain.qc.ca.

Pour lui, la bicyclette est avant tout un «mode de transport urbain». À la blague, le jeune homme de 23 ans dit que les «cyclistes en lycra» qui font avaler des milliers de kilomètres à leur odomètre sont des «astronautes».

Pierre-Luc Auclair a grandi en banlieue profonde de Québec, mais il n'a jamais voulu de permis de conduire. Ses raisons sont plus «sociales qu'environnementales», précise-t-il. Avec son blogue, le bachelier en urbanisme propose plutôt un «guide sur le cyclisme urbain». Il commente les politiques de la Ville et tout ce qui touche de près ou de loin au quotidien des cyclistes à Montréal. Récemment, il a beaucoup parlé du Bixi, par exemple.

Il revendique de meilleures conditions de vie pour les cyclistes. Mais ce qu'il veut faire valoir au bout du compte? «Une ville cyclable est mieux aménagée qu'une ville faite pour y rouler en auto», indique-t-il, citant en exemple Amsterdam et Copenhague.

Le Montréalais d'adoption a aussi une carte de métro. «Le vélo n'est pas un dogme. On l'utilise quand ça fait notre affaire.»

Pour créer des liens d'affaires

En 1996, Pierre Gagnon, Gilles Dionne et Jacques Dubé en avaient assez des tournois de golf de bureau. Les trois amoureux du vélo ont donc décidé de créer l'Association cycliste en développement des affaires (ACDA). «Il y a 13 ans, nous étions 30 membres. Aujourd'hui, nous sommes 300», indique Pierre Gagnon, directeur technique à Desjardins Gestion d'actifs. Nous l'avons joint par cellulaire jeudi dernier à Stowe, au Vermont, la première halte d'une sortie de vélo de quatre jours qui devait le mener à Kennebunkport, dans le Maine.

Les membres de l'ACDA se réunissent tous les troisièmes mercredis après-midi des mois de mai à septembre. Le but est simplement de rouler et de créer des liens d'affaires.

Il y a moins de hiérarchie qu'au golf où les hauts dirigeants jouent dans le même quatuor, souligne Pierre Gagnon. «Un président de compagnie peut rouler à côté d'un employé. Et je peux rouler avec des gens pour qui je devrais passer par trois secrétaires pour leur parler au téléphone.»

Mais attention, pour les courtiers, banquiers, avocats et ingénieurs de l'ACDA, rouler n'est pas qu'un prétexte pour discuter affaires.

C'est du sérieux. Il faut être en forme pour les suivre sur plus de 70 à 90 km.

Pour se dépasser en groupe

Le vélo a mené John Malois aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Il entraîne à son tour des athlètes aujourd'hui, et il supervise aussi l'entraînement de cyclistes du dimanche. Mais des cyclistes du dimanche qui font entre 2000 et 25 000 km de vélo par année.

John Malois est le fondateur de L'Académie cycliste du Québec. Il apprend notamment à ses nouveaux clients comment rouler en peloton. Ils ont recours à ses services car «ils veulent être meilleurs que ceux qui sont toujours en avant», blague l'entraîneur.

L'hiver, les membres de l'Académie peuvent même rouler dans une salle de vélo virtuelle, située dans les locaux de SaniSport à Brossard. «Les gens roulent en groupe comme s'ils étaient dehors sur de vrais parcours», explique John Malois.

Le cycliste de 38 ans adore le vélo car il permet le dépassement de soi, tout en étant en gang. «C'est amusant, et c'est social en même temps. Et avec le vélo, tu voyages, alors qu'en natation, tu vois le fond de la piscine.»