Brian Mulroney a été incapable de dire avec exactitude à quels moments exacts il a retiré du coffret bancaire de New York les quelque 75 000 dollars que lui a donnés Karlheinz Schreiber à l'hôtel Pierre, en décembre 1994.

L'ancien premier ministre a expliqué aujourd'hui, au cours du contre-interrogatoire mené par l'avocat de M. Schreiber, qu'il avait fait le premier retrait à la fin de l'année 2000, soit quelques mois après que sa situation fiscale eut été régularisée au Canada.

Il a précisé que ces sommes étaient allées à ses enfants, qui poursuivaient alors des études aux États-Unis. «Je pense qu'il y en avait à cette époque au moins deux, sinon trois à New York et au Connecticut, a-t-il dit en réponse à une question du juge Oliphant. Vous avez raison. C'est pour cela que ça a été utilisé.»

L'avocat de Karlheinz Schreiber, Richard Auger, mène présentement son contre-interrogatoire de ce témoin principal de la commission Oliphant chargée de déterminer la raison pour laquelle il a accepté entre 225 000 et 300 000 dollars en argent comptant de l'homme d'affaires germano-canadien dans les mois qui ont suivi son départ du poste de premier ministre.

Parmi les questions posées dans le mandat du commissaire Jeffrey Oliphant, on trouve celle-ci: «Qu'est-il advenu de l'argent? En particulier, si un montant considérable a été reçu en liquide aux États-Unis, qu'est-il advenu de cet argent?».

Affrontement Globe-Mulroney

La journée a débuté dans une atmosphère d'affrontement entre le Globe and Mail et l'équipe d'avocats et de relations publiques de M. Mulroney. Hier, l'ancien premier ministre a reproché au quotidien torontois d'avoir omis de publier un article important qui lui aurait été favorable, en 2003, au moment où l'existence des paiements a été révélée au grand jour.

Le rédacteur en chef du journal, Edward Greenspon, a répliqué hier dans une lettre envoyée à l'avocat principal de la commission, Richar Wolson, pour préciser que cet article, qui aurait été le quatrième d'une série, n'avait jamais même été envisagé. Il a affirmé qu'au contraire, M. Mulroney l'avait contacté à plusieurs reprises avant la publication pour tenter de l'en dissuader, lui ayant même promis de lui fournir des informations explosives en retour.

L'avocat de Brian Mulroney, Guy Pratte, a fait clarifier les choses en début de journée, jeudi. «M. Mulroney a déjà témoigné qu'il avait eu plusieurs conversations avec M. Kaplan durant lesquelles il a demandé que ses relations commerciales avec M. Schreiber ne soient pas publiées. Il vous a expliqué que c'était pour protéger sa famille», a-t-il ajouté. M. Kaplan est l'auteur qui a révélé les paiements dans le Globe and Mail en novembre 2003.

«Il reconnaît également que des requêtes similaires ont été faites au rédacteur du Globe and Mail, pour les mêmes raisons», a conclu Me Pratte.