Le nouveau permis de conduire à puce est aussi sécuritaire que possible même si le risque de piratage existe, a fait valoir la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), vendredi.

Mais les partis d'opposition s'agitent et demandent à la SAAQ d'accroître l'étanchéité du nouveau permis censé permettre aux Québécois de traverser la frontière terrestre américaine sans passeport, dès le 1er juin.

A défaut d'un resserrement majeur, le nouveau permis à puce risque de se transformer en «bar ouvert» pour les criminels, a même évoqué l'Action démocratique.

Le programme est aussi sûr que faire se peut, a cependant affirmé le vice-président aux technologies de l'information à la SAAQ, Michel Léveillé.

«C'est un outil sécuritaire. Si vous parlez à des gens de la sécurité, personne ne va vous dire qu'en matière de sécurité c'est toujours 100 pour cent. Mais à mon avis, cette pièce est sécuritaire», a-t-il dit.

La SAAQ maintient qu'il est erroné de laisser croire que la puce à radiofréquence (IRF) du nouveau permis de conduire Plus peut être «clonée» de façon à permettre à un usurpateur d'utiliser les informations pour passer aux douanes.

Il est certes possible pour un fraudeur habile de lire la puce, mais cette dernière ne contient qu'un numéro aléatoire ne comportant aucune information personnelle, a indiqué M. Léveillé.

Aux yeux du représentant de la SAAQ, l'usurpation d'identité sur la seule base de ce numéro est impossible.

Une enquête publiée dans La Presse révélait vendredi combien il est facile de capter et copier la puce IRF d'un permis Plus grâce à une antenne IRF reliée à un ordinateur portatif.

Mais le numéro copié n'est d'aucune utilité s'il n'est pas mis en lien avec la base de données sécurisée de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), qui affiche les renseignements personnels et la photo du détenteur.

Autrement dit, si le fraudeur n'est pas un sosie du détenteur, s'il n'a pas le même âge, la même taille, le même lieu de résidence, il a bien peu de chance de berner les douaniers.

«Les informations se retrouvent dans un fichier informatique auquel le fraudeur n'a pas accès (...) Si quelqu'un veut faire une usurpation d'identité, à moins que ce soit votre frère jumeau, cela ne fonctionnera pas», a argué M. Léveillé.

Pour éviter tout risque de lecture frauduleuse de la puce, la SAAQ conseille aux détenteurs de conserver le permis Plus dans sa pochette au revers en aluminium qui fait écran aux ondes.

Le premier ministre Jean Charest, qui avait présenté le nouveau permis PLUS en grande pompe en mars dernier, demeure satisfait de cette pièce d'identité, a fait savoir son porte-parole Hugo D'Amours.

De leur côté, toutefois, les partis d'opposition réclament un resserrement des mailles du filet.

«Cela m'inquiète. On constate que le système n'est peut-être pas aussi fiable que l'on croyait. Il faut apporter les correctifs qui s'imposent sinon les Québécois risquent de ne pas pouvoir utiliser leur permis dans les délais prévus», a dit le porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports, Stéphane Bergeron.

La chef intérimaire de l'Action démocratique, Sylvie Roy, y voit pour sa part les conséquences d'une annonce précipitée.

«Cela ne m'étonne pas. C'est souvent le cas avec ce gouvernement. Ce permis, s'il n'est pas sécurisé davantage, risque de devenir un bar ouvert pour les criminels», a-t-elle lancé.