D'autres églises pourraient-elles être tentées de suivre l'exemple de Sainte-Adèle? «Cela va certainement en faire réfléchir plusieurs», dit David Fines, porte-parole de l'Église unie du Canada. «On ne peut pas nier les effets du vieillissement de la population et la désaffection de la population pour la religion en général.»

L'Église unie de Saint-Jean est en ce moment à la recherche d'un nouveau pasteur qui devra impérativement être bilingue. «Les membres savent que leur potentiel de croissance n'est pas du côté des anglophones, mais des francophones, qui sont beaucoup plus nombreux», dit David Fines.

 

Faire tomber les barrières

À Sorel, un projet pilote est en cours dans une église anglicane pour contrer, là aussi, la lente désertion des fidèles vieillissants. Il y a cinq ans, Holly Ratcliffe est passée de la langue de Shakespeare à celle de Molière pour les célébrations dominicales. «Le résultat est épatant», raconte-t-elle. La fréquentation est stable, voire en légère hausse depuis. Mais surtout, «on est en train de tisser des liens très serrés entre les deux communautés. Avant, c'était presque péché pour un francophone d'entrer dans notre église. On est en train de faire tomber toutes les barrières». Une travailleuse sociale est directement engagée dans le projet et un café communautaire a maintenant lieu tous les jeudis.

David Fines y voit un effet imprévu de l'adoption de la loi 101 au Québec, en 1977. «Il ne faut pas tout peindre en rose et il y a encore de la résistance dans certaines communautés. Mais la nouvelle génération de leaders anglophones, qui ont grandi dans un milieu francophone, dans des écoles francophones, ont bien intégré l'idée qu'il est tout à fait normal que des services soient offerts en français.» Et il semble que leurs aînés les écoutent de plus en plus souvent.

Le Québec compte près de 300 000 protestants - majoritairement de confession anglicane, mais aussi presbytérienne, évangélique et de l'Église unie -, dont 40 000 francophones.