Kalheinz Schreiber a admis que l'affidavit ayant joué un rôle crucial dans le déclenchement de la commission d'enquête Oliphant était truffé d'erreurs.

L'équipe d'avocats de Brian Mulroney est parvenu à arracher cet aveu du témoin clé de l'enquête au terme d'un interrogatoire de plus de trois heures étalé sur deux jours. «Cet affidavit, comme nous l'avons révisé en détails, est plein d'exagérations et d'inexactitudes et de déclarations tout simplement pas vraies. N'est-ce pas exact?» a demandé Me Guy Pratte.

- C'est ce que vous dites... a répondu Karlheinz Schreiber.

- Non! C'est ce que vous avez convenu avec moi au cours des deux derniers jours!

- Il y a des points qui ne sont pas exacts, je suis d'accord avec vous.

Ces erreurs et inexactitudes touchent notamment : l'allégation que Brian Mulroney a personnellement dit à Karlheinz Schreiber qu'il rencontrerait le premier ministre Stephen Harper au lac Harrington en juillet 2006; le fait que son affidavit pouvait laisser croire qu'il y avait eu plus de rencontres entre lui et M. Mulroney qu'il n'y en a réellement eues; le fait que M. Mulroney ait exigé un affidavit de sa part pour prouver qu'il n'avait jamais reçu d'argent de lui alors qu'une lettre de son avocat ne parle que d'une lettre.

Kalheinz Schreiber a expliqué qu'il n'avait pas vérifié toutes les pièces déposées à la Cour supérieure de l'Ontario au soutien de ce document crucial daté du 7 novembre 2007.

Le commissaire Jeffrey Oliphant a semblé très surpris de l'apprendre. «Vous avez fait des déclarations sous serment dans un affidavit au paragraphe 39 disant que M. Mulroney vous a dit qu'il rencontrerait M. Harper et ce n'est pas vrai? M. Mulroney ne vous a pas dit cela?»

M. Schreiber a expliqué que c'était plutôt l'ancien ministre conservateur Elmer MacKay qui lui avait dit.

«Donc un autre paragraphe que nous devrions corriger parce qu'il n'est pas vrai, au sens strict du terme. Exact?» a demandé Me Pratte.

«Oui», a répondu le témoin.

Il n'a pas voulu aller jusqu'à dire qu'il avait volontairement inclus ces inexactitudes dans le document pour éviter l'extradition vers l'Allemagne qu'il tente de combattre depuis 10 ans. Peu avant le dépôt de cet affidavit à la Cour supérieure de l'Ontario, le ministre de la Justice avait refusé de renverser l'ordre d'extradition et la Cour d'appel avait rendu une décision dans le même sens.

M. Schreiber a convenu vendredi que la situation commençait à se corser pour lui.

Le témoignage de l'homme d'affaires germano-canadien à la commission chargée de faire la lumière sur ses relations d'affaires avec l'ancien premier ministre Mulroney se termine cet après-midi avec l'interrogatoire de son propre avocat.

D'autres témoins seront entendus la semaine prochaine. Brian Mulroney pourrait témoigner aussi tôt que la semaine suivante.

La première ligne du premier paragraphe du mandat confié par le gouvernement au commissaire Oliphant se lit ainsi: «Attendu que Karlheinz Schreiber a formulé diverses allégations, notamment dans une déclaration sous serment faite le 7 novembre 2007...»

La commission doit éclaircir la raison pour laquelle Karlheinz Schreiber a fourni à Brian Mulroney entre 225 000 et 300 000 dollars dans des chambres d'hôtels de New York et de Montréal dans les mois qui ont suivi son départ du poste de premier ministre.