La communauté italienne de Montréal n'a pas tardé à réagir. Hier soir, près d'une centaine de ses membres ont esquissé un plan d'aide pour donner un coup de pouce à la Croix-Rouge italienne dans ses efforts d'aide aux sinistrés.

«Nous voulons former le plus rapidement des comités ad hoc pour établir un plan d'action et organiser des activités de financement. Notre but est d'envoyer une aide financière immédiate, mais surtout, de nous mettre à la disposition de la Croix-Rouge italienne pour l'aider dans ses besoins. Il est trop tôt pour décider où ira l'argent. La Croix-Rouge n'est pas prête à coordonner cette partie de l'effort», a indiqué le président du Congrès italo-canadien, section Québec, Antonio Sciascia.

 

Sans avancer de montant précis, le président de la fédération des Abruzzes du Québec, Felippo Salvatore, a dit viser une récolte de dons «dans les millions de dollars». Quelque 40 000 Italiens originaires des Abruzzes habitent dans la région montréalaise, a-t-il précisé.

Devant ses compatriotes, M. Salvatore a toutefois invité les gens à la plus grande prudence. «J'espère que la communauté trouvera un moyen clair et honnête pour que la générosité soit utilisée à bon escient, a-t-il lancé. Il y a des escrocs partout. Il arrive que des organisations profitent de ce genre d'événement pour demander frauduleusement de l'argent. Il faut en être conscient», a-t-il plaidé.

«Il y a aussi un risque pour que trop d'argent soit perdu en frais d'administration. Il faut absolument éviter cela. Nous devrons faire en sorte que les sommes soient vraiment utilisées pour les gens qui en ont besoin», a-t-il ajouté, demandant la création d'un comité autonome de surveillance.

Le Congrès italo-canadien a notamment annoncé son intention de créer dès aujourd'hui un site web pour recueillir les dons en ligne, mais n'était pas en mesure d'en donner l'adresse hier.

Dans la salle communautaire de Saint-Léonard où avait lieu l'assemblée spéciale, Yannick Campagna, originaire du village détruit de Barisciano, en avait long à dire. Toute sa famille - «ma mère, mes frères, mes soeurs, mes tantes» - ont subi de plein fouet le séisme. «Ma mère s'est retrouvée dans la rue en pyjama en pleine nuit. Ça a été très dur pour eux», a-t-il expliqué. L'homme de 31 ans s'estime chanceux de n'avoir perdu aucun membre de sa famille. «J'ai un ami qui est porté disparu», a-t-il cependant dit, des larmes aux yeux.

Tôt en matinée hier, M. Campagna, qui revient tout juste d'un voyage dans les Abruzzes, a appelé plusieurs commerces de la région de Montréal pour leur demander d'envoyer des biens de première nécessité aux sinistrés par l'entremise de la Croix-Rouge. «J'ai appelé Wal-Mart, Zellers, Saputo. Ils m'ont tous dit qu'ils allaient aider. La réponse est très bonne», a-t-il expliqué devant ses compatriotes.

Nervosité

Jointe un peu plus tôt au téléphone, Eloisa Guisti, résidante de Granby qui a fait ses études primaires, secondaires et collégiales dans les Abruzzes, ne cachait pas sa nervosité. «Plusieurs de mes amis étudient à l'université de L'Aquila. J'ai passé mon heure de lunch à tenter de les joindre sur leurs téléphones cellulaires, mais je n'ai jamais eu de réponse, et ça m'inquiète un peu», a-t-elle confié.

«Heureusement, j'ai vu sur Facebook que certains d'entre eux ont créé des groupes pour organiser une collecte de sang. Je n'ai pas pu leur parler, mais au moins, je constate qu'ils sont en train de s'organiser; c'est bon signe. Leur priorité n'est certainement pas d'envoyer des courriels», a-t-elle ajouté, résignée à ne pas avoir de nouvelles d'eux avant demain ou après-demain.

Née au Québec, puis déménagée en Italie à l'âge de 3 ans, Mme Guisti, aujourd'hui âgée de 25 ans, se souvient très bien de la ville de L'Aquila. «C'est un endroit d'une richesse culturelle et historique inouïe. Le château de L'Aquila, c'est un pan immense de notre culture. Je ne sais pas à quel point il a été touché, mais c'est une perte énorme», a-t-elle dit.

Plus tôt dans la journée, au Caffè Italia, dans la Petite Italie, les clients ne décollaient pas les yeux du téléviseur qui diffusait une chaîne italienne d'informations en continu.

Tout en sirotant un espresso en compagnie d'amis, Leo Paduano a évoqué un voyage qu'il a fait en Italie quelques mois après le tremblement de terre majeur qui a secoué l'est de la péninsule en octobre 2002. «J'ai visité les villages qui avaient été touchés à l'époque. Il ne restait pas grand-chose. Les autorités avaient installé des maisons préfabriquées en attendant la reconstruction. Vous savez, ces villages sont minuscules, et vieux de plusieurs centaines d'années. Les constructions sont âgées. Quand la terre tremble, tout s'écroule. C'est triste à voir», a-t-il expliqué.