Une travailleuse humanitaire canadienne a été enlevée au Darfour, ce week-end. Un rapt qui n'est pas sans rappeler celui de l'infirmière montréalaise Laura Archer, survenu le mois dernier.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des hommes armés ont intercepté deux employées de l'organisme français Aide médicale internationale (AMI) à Ed el-Fursan au Darfour-Sud, à une centaine de kilomètres du Tchad. Ils ont également enlevé deux gardiens soudanais, qu'ils ont relâchés peu de temps après.

Le chef du protocole au ministère soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef Ahmed, a indiqué à Reuters que les deux personnes enlevées sont des femmes, une Française et une Canadienne.

Un site internet soudanais rapporte que les ravisseurs réclament une rançon. Mais cette information n'a pas été confirmée par les autorités.

L'AMI refuse de révéler le moindre détail sur l'identité des victimes. Son porte-parole, Frédéric Mar, a confirmé à La Presse qu'un «ressortissant canadien» à l'emploi de l'organisation a bel et bien été enlevé, sans en dire davantage. Pourquoi tant de secret? Pour protéger les victimes, répond-il.

«Ça nous semble important de faire état de cet événement, a-t-il expliqué. Mais dans ce genre de circonstances, il nous a semblé important de donner le moins d'information possible pour ne pas qu'il y ait d'interférence sur la suite qui est donnée à cette affaire.»

L'organisme a ouvert une mission au Darfour en 2004. Cinq travailleurs étrangers et près de 200 employés locaux soutiennent des cliniques médicales, organisent des activités de prévention, et facilitent le transport de matériel médical dans cette région déchirée par des années de guerre civile.

Ce n'est pas la première fois que des employés de l'AMI sont visés par des attentats. Fin février, deux travailleurs soudanais de l'organisme sont morts lorsqu'ils ont été attaqués par des cavaliers.

Le ministère canadien des Affaires étrangères n'a pas encore confirmé l'enlèvement. «Le ministère (...) mène actuellement des recherches à propos de rapports indiquant qu'un citoyen canadien manque à l'appel au Soudan», a fait savoir par courriel sa porte-parole, Lisa Monette.

L'Armée de libération du Soudan, un groupe rebelle, a nié toute implication dans l'affaire, montrant du doigt des milices pro-gouvernementales.

Enlèvement semblable

L'enlèvement n'est pas sans rappeler celui de la Montréalaise Laura Archer, le 11 mars dernier, dans l'ouest du Darfour. L'infirmière avait été prise en otage avec trois autres travailleurs étrangers de Médecins sans frontières dans des circonstances tout aussi nébuleuses. Ses ravisseurs l'avaient relâchée trois jours plus tard. Le gouverneur du Darfour-Nord affirmait alors que des milices favorables au président soudanais Omar el-Béchir étaient à l'origine du rapt.

Omar el-Béchir est visé par un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) depuis le 4 mars dernier. Le tribunal veut l'inculper pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, en lien avec le conflit qui a fait plus de 300 000 morts au Darfour.

En riposte, le président a expulsé 13 organisations humanitaires du Soudan, les accusant de complicité avec la CPI. Celles qui sont restées sur place craignent depuis d'être victimes d'actes d'intimidation de la part de milices pro-gouvernementales.

-Avec Reuters et AFP