Les Québécois sont presque unanimes à déclarer qu'il est aussi dangereux de prendre le volant fatigué qu'après avoir bu un verre de trop. Pourtant, entre conduire et dormir, ils ne font pas toujours le bon choix, révèle un sondage obtenu par La Presse.

Cette enquête menée en novembre et décembre pour la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) démontre que près d'un Québécois sur six conduit souvent ou très souvent pendant plus de deux heures sans prendre de pause, contrairement aux recommandations de la SAAQ et des experts en sécurité routière. Seul un Québécois sur trois affirme qu'il n'a jamais conduit en étant fatigué au cours des 12 derniers mois. Quant aux autres (60%), ils sont majoritaires à reconnaître que leurs bâillements ont influencé leurs réflexes, leur vigilance et leur concentration.

 

Ces chiffres n'ont pas de quoi faire sourire Jean-Marie de Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière. «Les gens ont toujours tendance à surestimer leurs capacités au volant. Ils se rassurent en pensant qu'ils n'auront pas de problème parce qu'ils ont beaucoup d'expérience ou parce qu'ils ont une bonne voiture et se croient plus alertes qu'ils ne le sont vraiment», insiste-t-il.

Le nombre de personnes qui ont réellement pris le volant avec les facultés affaiblies par la fatigue pourrait donc être bien plus élevé que ne le laisse croire cette enquête, selon le spécialiste.

Faire dodo en conduisant

Or, ce comportement n'est pas sans risque: parmi les personnes qui ont admis avoir pris le volant en étant fatiguées, 6% d'entre elles ont aussi avoué s'être littéralement endormies en conduisant. De ce nombre, 2% ont été impliquées dans un accident au cours de la dernière année. D'ailleurs, neuf répondants sur dix croient qu'un conducteur qui somnole est aussi dangereux qu'un conducteur ivre.

«C'est dommage de voir que les conducteurs, même s'ils sont concernés par le problème, ne prennent pas les moyens nécessaires pour le corriger», déplore Jean-Marie de Koninck. Ou qu'ils ne prennent pas les bons moyens: la solution à laquelle les Québécois ont le plus souvent recours pour se donner un coup de fouet? Ouvrir la fenêtre ou faire fonctionner la climatisation à plein régime. «Si ça a un effet pendant 15 secondes, c'est bien le maximum», dit M. De Koninck.

Les conducteurs devraient plutôt s'arrêter sur le bord de la route pour faire une petite sieste, marcher quelques minutes ou boire un café, note-t-il.

«Souvent, les conducteurs se disent qu'ils sont presque arrivés à destination et continuent leur route au lieu de s'arrêter, mais ce n'est jamais un bon choix: c'est là que la situation peut devenir problématique et dangereuse. On peut s'endormir en une fraction de seconde, note la porte-parole de la Sûreté du Québec, Ann Mathieu. Les collisions mortelles causées par des conducteurs endormis ne se produisent pas après des trajets de 48 heures d'affilée.» D'ailleurs, les deux tiers des conducteurs qui se sont endormis au volant l'ont fait alors qu'ils conduisaient depuis moins de deux heures.

Cette enquête a été réalisée par internet par la firme Léger Marketing auprès de 1466 conducteurs de 16 ans ou plus du 28 novembre au 8 décembre 2008. La marge d'erreur est de 2,6%, 19 fois sur 20.

Avec la collaboration de William Leclerc