Plusieurs courriels tendent à démontrer que le bureau du premier ministre aurait demandé à une commission indépendante d'enquête de «retenir» le dévoilement d'un rapport sur les circonstances entourant le décès de Laura Gainey.

Les courriels - qui démontrent une obstruction inappropriée dans le travail de l'agence, selon l'opposition libérale - s'attardent sur le dévoilement du rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada dans la mort de Mme Gainey, tombée à la mer d'un voilier en décembre 2006.La commission devait faire la lumière sur les mesures de sécurité mises en place sur le navire et examiner la surveillance qu'effectue Transport Canada dans le secteur de la navigation à voile.

La série de courriels qu'a obtenus La Presse Canadienne fait état d'échanges entre Aaron Masson, directeur des communications pour le Bureau de la sécurité des transports du Canada, et Roseline MacAngus, qui occupait le poste de directrice des affaires parlementaires pour Rona Ambrose, alors ministre des Affaires intergouvernementales.

Le 3 septembre - cinq jours avant le déclenchement des élections fédérales - M. Masson a écrit à Mme MacAngus pour lui demander de lire un communiqué de presse annonçant que le rapport sur la mort de Mme Gainey serait rendu public le 24 septembre.

Le 12 septembre, soit quatre jours après l'annonce des élections du 14 octobre, Mme MacAngus a avisé M. Masson que le bureau du premier ministre avait demandé d'attendre la fin du scrutin avant de publier le rapport.

Mme MacAngus a ajouté que le bureau du premier ministre tenait à être renseigné de tout développement à partir du moment où la famille serait informée que le rapport ne serait pas dévoilé pendant le bref électoral.

Le courriel ajoute que le bureau du premier ministre voulait également savoir si des demandes en rapport avec cet accident avaient été acheminées en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Selon l'avocat Michel Drapeau, un expert en matière d'accès à l'information gouvernementale, le bureau du premier ministre ne devrait pas émettre de directives à une commission d'enquête.

En entrevue, Me Drapeau a rappelé que le mandat du Bureau de la Sécurité du Transport était de publier des rapports et d'émettre des conclusions, et «qu'une intervention de la part d'une instance politique était tout à fait inappropriée», d'autant plus qu'il s'agissait d'une intervention motivée par l'approche d'une campagne électorale.